theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Froid »

Froid

+ d'infos sur le texte de Lars Norén traduit par Katrin Ahlgren

: Présentation

Le spectacle prend place dans un coin de forêt abandonné où ces jeunes auraient l'habitude de se retrouver à l'abri des regards adultes. L'éclairage est chaud et intense afin de recréer la chaleur étouffante, pesante, de ce jour d'été. Petit à petit la lumière devient froide, elle nous fige dans le drame à venir. Ce lieu, à l'apparence champêtre, représente désormais une société insalubre, oubliée comme les protagonistes. Des cadavres de bières jonchent le sol, des sacs en plastic traînent et aucun d'entre eux ne semble y prêter attention. Le décor devient alors un partenaire de jeu sur lequel les acteurs évoluent. Il est immobile mais pourtant témoin -comme le public- de leur aventure.


Celle-ci prend la forme d'une danse endiablée, incessante, accompagnant les spectateurs dans l'ivresse des personnages, dansant avec eux jusqu'à la nausée. Les échanges textuels sont constant, il n'y a que très peu de place pour la respiration et donc la réflexion. C'est un marathon de haine, une montée progressive de violence rythmée par des accès de fièvre oscillant entre confusion et impulsivité. Le travail des acteurs consiste à alimenter de leur jeu cette ambiance inquiétante afin d'inhiber la parole du spectateur bien que celui-ci soit pris à parti et invité à répondre à leurs invectives. Le public devient ainsi une partie intégrante du dialogue qui pour lui n'en est pas un car le silence est son seul texte. Il prend ainsi la position du cinquième acteur, muet et impuissant face à l'horreur.


Ce qui nous intéresse c'est le chemin, cette heure que tous passent ensemble. Nous souhaitons analyser les comportements qui les poussent à commettre ce crime. Surtout nous ne dresserons pas le portrait grossier de jeunes néonazis mais celui de jeunes amis comme on pourrait en croiser des centaines, qui aiment rire, manger des saucisses et jouer au foot.


Qu'est-ce qui fait qu'ils sont si différents des autres ? Quel rôle doit prendre la société pour empêcher ce genre de dérives ? Nous cherchons à comprendre leurs sensibilités, leurs failles, pour trouver le moteur de leurs colères. Ensemble nous ne voulons pas dénoncer une monstruosité existante mais inviter le spectateur à réfléchir avec nous, à se poser des questions avec nous sur un danger qui relève de notre responsabilité à tous.


On ne naît pas raciste, ni meurtrier, et même si l'ostracisation semble être une facilité devant ce qui nous fait peur, nous devons nous efforcer de comprendre ce qui mène à la dérive. La haine de ces jeunes ne peut venir que d'un chagrin profond, d'un sentiment d'abandon. Ils recherchent un réconfort, une bande qui va les accepter. Une raison de vivre tout simplement. Ensemble ils vont devenir le reflet de ce qu'on pourrait appeler des indésirables ou des exclus.


Notre histoire à travers eux ne sera pas un procès, pas plus qu'une psychanalyse ou une étude sociale. C'est un moment de vie fragile comme n'importe quel autre, qui peut à chaque instant basculer dans la mort.

Emmanuel Pic et Romain Bouillaguet

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.