« Un acteur qui sent le public est comme un violoniste qui ne regarde plus ses mains ni son archet. Il entend les notes qu’il fait et écoute la résonance. Vous ne verrez jamais un grand maestro du violon ou du piano regarder le clavier, lorgner sur l’instrument : l’instrument fait partie de lui-même. De même un bon mime ne regarde jamais ses mains, il n’a pas besoin de les contrôler ; c’est aussi ce que fait le grand acteur avec son corps et sa voix. … Pour faire dignement notre métier, pour devenir de bons hommes de théâtre, le secret est de s’appliquer à connaître tous ces éléments, par l’étude, l’observation directe, la pratique. Se garder des préventions, éviter de courir après la mode, de peur de se retrouver assis par terre. Rester en contact avec son temps même si on raconte des histoires du passé. Refuser les définitions, les jugements de valeur, les classifications de type aristotélicien. »
Extrait de Le Gai savoir de Dario Fo, traduction de Valeria Tasca.
L’Arche éditeur, Paris, 1990.

Dario Fo est comme notre Molière, homme de théâtre complet, auteur, metteur en scène, chef de troupe, acteur, rien de ce qui est théâtre ne lui échappe, et s’il n’est pas courtisan comme le fut Poquelin, il a le même art de croquer et de moquer la société de ses contemporains et il a eu comme lui maille à partir avec l’Église qui décidément s’obstine contre le théâtre. Ce n’est pas un hasard si nous l’avons découvert en France, à la Comédie-Française, en 1990 grâce à Antoine Vitez, avec son spectacle Le Médecin malgré lui et Le Médecin volant de Molière.
Célèbre d’abord pour ses sketchs et monologues radiophoniques ou télévisés, il se met à partir de 1959 à écrire des pièces dont la portée politique et provocatrice l’obligent à trouver une place hors des structures officielles, dans les usines ou les associations culturelles, itinérance qui n’effraie pas ce grand familier de la commedia dell’arte et époux d’une enfant de la balle, Franca Rame, son inséparable partenaire. Son prix Nobel de Littérature en 1997 divise la presse et la critique ; mais sa renommée internationale n’a pas bridé sa liberté de ton et de jugement, en témoignent par exemple ses charges virulentes, inspirées d’Ubu, contre Silvio Berlusconi.

François d’Assise (1189-1226)
François d’Assise est un enfant de la ville, fils de marchand dans une Italie en pleine expansion. Séduit d’abord par la fête et les honneurs, les richesses et la chevalerie, il tombe malade et renonce à la vie séculière pour se faire ermite. Pour permettre la reconstruction d’une chapelle, il vend des marchandises appartenant à son père ; accusé devant le tribunal de l’évêque, il rend tout ce qu’il a encore et se défait de ses vêtements. Il ne portera plus qu’une robe de bure ceinte par une corde. La pauvreté et la prédication deviennent son mode de vie, qui s’appuie sur un retour aux règles originelles du monachisme. Des disciples le rejoignent ; ils forment bientôt l’ordre des franciscains, approuvé par le pape Innocent III. De nouveau malade, il se retire et reçoit les stigmates avant de mourir en 1226. Il est aussitôt canonisé. Joël Huthwohl Sa réflexion sur la valeur du travail et sur la place de la richesse dans la société peut encore nous parler aujourd’hui, de même que nous touche sa poésie mystique, comme le Cantique de frère soleil ou Cantique des créatures. Du point de vue de la religion, il est novateur en ce qu’il place le Christ au centre de la foi et non plus les apôtres.

Joël Huthwohl