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François d'Assise

mise en scène Adel Hakim

: Un Saint qui «ensainte les hommes»

Je suis chrétien, voyez mes ailes.
Je suis païen, voyez mon cul.


J’ai appelé ce texte François d’Assise et non pas Saint François. Vous remarquerez que je tiens à cette nuance. Je prétends toujours que tout homme, s’il le veut, peut devenir François d’Assise, sans être saint le moins du monde. J’imagine très bien un François d’Assise laïque et même athée, ce qui importe, c’est l’état d’esprit françoisier et non pas sa place réservée sur un fauteuil doré dans le paradis. Il faut un saint «utilitaire», un saint qui «ensainte» les hommes.


Nous vivons une époque cruciale de l’Histoire, c’est un véritable match entre l’histoire et la nature. D’un côté une redoutable accélération industrielle, une montée en flèche de la civilisation atomique et de l’autre une fragile levée de sève ça et là dans le vaste monde, un appétit soudain de grand air, de soleil. L’humanité bureaucratique, métallique, aspire de nouveau à sa chair, elle veut se dénuder, prendre la clé des champs. François est de notre époque, il porte notre étendard. Ce qu’il rejette, en rejetant les grosses bâtisses de son temps, c’est les gratte-ciel d’aujourd’hui, ce qu’il bafoue en chantant la sainte ignorance, c’est notre froide intellectualité. Tout cela annonce un vaste mouvement de reconquête de la nature à la françoise.


La civilisation moderne, voilà l’ennemi. C’est l’ère de la caricature, le triomphe de l’artifice, tout est falsifié, truqué, pollué. La nature est dénaturée. Voyez ces paysages métallurgiques, l’atmosphère des villes corrompues, les oiseaux infectés d’insecticides, les poissons empoisonnés par les déchets nucléaires, la levée des substances cancérigènes, partout la vitesse hallucinante, le tintamarre infernal, le grand affolement des nerfs, des coeurs, des âmes…


Je ne m’adresse pas seulement au catholique mais à l’honnête homme de toute race et de toute religion: chrétiens, agnostiques, communistes, athées, blancs, rouges, afroasiatiques, etc… Tout homme peut être franciscain, peut-être «françoisier», sans croire à la sainteté de François. Drôle de Saint, dites-vous. J’avoue en tout cas que j’ai écrit ce texte dans une folle émotion tantôt criant de joie, tantôt ruisselant de larmes.


Je crois au panthéisme, à cette respiration du corps accordée à celle du cosmos, cette foi, bras écartés, aux dimensions de Grand Tout. S’unir à la nature et à la divinité, c’est accroître le sens de l’homme jusqu’à l’absolu. Se fondre et s’incorporer dans l’univers, c’est devenir soimême l’univers.

Joseph Delteil

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