: La Pièce
Le 19 mars 2003, l’armée américaine
commence à bombarder l’Irak. Five Days in March raconte comment
plusieurs jeunes couples ont vécu
cinq jours de ce mois particulier.
L’espace de cinq nuits dans un love hotel, tandis que se déroulent au
Japon les manifestations contre
l’invasion américaine en Irak, sept
acteurs-danseurs se relaient pour
« raconter », joignant les gestes à
la parole, leurs histoires de couple
et leur engagement politique.
La quasi-insignifiance de leurs
actions quotidiennes telles qu’elles
sont « évoquées » plutôt que
« jouées » soulève inévitablement la
question de l’engagement. Ces jeunes
semblent ne pas se sentir concernés
par cette guerre, et paraissent ne
s’intéresser qu’aux choses futiles,
au sexe.
Toshiki Okada livre avec Five Days in March une pièce où les personnages racontent ce qu’ils font plus qu’ils ne le jouent, une pièce où rien n’arrive précisément et où tout l’enjeu est d’explorer l’expression au présent. Usant d’un langage hyperréaliste et de mouvements de scène quasichorégraphiés, Toshiki Okada restitue de manière presque gestuelle la façon d’être et de dire de la jeunesse japonaise. Tous les éléments qui permettent de juger comment un acteur joue son rôle ou de retrouver dans chaque réplique la voix d’un personnage sont pulvérisés au profit d’une superposition extrême entre la guerre qui se joue à un point du globe et les préoccupations insignifiantes de jeunes couples à un autre point.
Entre théâtre et danse, naturalisme et abstraction, les spectacles d’Okada donnent des contours singuliers à ces identités floues et vacillantes. Les corps sont comme empesés, contraints, et en même temps étonnamment diserts ; les points de vue et les hypothèses, passant d’un personnage à l’autre, s’accumulent comme autant de strates d’un présent difficilement représentable.
Okada chorégraphie un quotidien
qu’il s’emploie, dans le même
mouvement, à restituer dans toute sa
trivialité, notamment langagière.
Les deux pièces présentées par le
Festival d’Automne, le
Théâtre2Gennevilliers et le Cent
Quatre mettent en scène un temps
suspendu, vertigineusement ancré
dans le présent.
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