: Notes de carnet
par Mohamed El Khatib
« Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort ». Ah ?
La mort tranche le quotidien alors survient la construction affolée de l’avenir.
Tout le monde suppute - je le sens - le degré d’intensité d’un deuil.
Futilité croissante inévitable.
Pour la première fois depuis quelques jours, idée acceptable de ma mort.
Penser à piquer, entre autres, cette phrase de Barthes, il a tout dit dans son Journal de deuil : « Beaucoup d’êtres m’aiment encore, mais ma mort ne tuerait aucun d’entre eux. »
Ne pas dire deuil, trop psychanalytique. Je ne suis pas en deuil, j’ai du chagrin.
Tout le monde est très gentil avec moi pourtant je me sens seul.
L’état d’abandon devient chez moi exacerbé.
– : Le tiret sépare deux dates. Pour ma mère par exemple, 1950 – 2012. Toute sa vie est contenue dans ce tiret.
On n’écoute pas les vivants comme on entend les mourants.
Acte de décès n°288.
D’avoir dit à ma mère qu’elle était médicalement condamnée a-t-il accéléré le processus de fin ? Est-ce que je porte la culpabilité de cette annonce ? Je ne le crois pas.
Il faudrait inscrire à l’entrée des Unités de Soin Palliatif : « Il faut que vous sachiez que vous êtes là pour mourir ».
- Tu sais ce que tu es ? - Non. - Tu es un putain de nécrophile…
La mort ne rend pas plus fort, elle fragilise.
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