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Figaro divorce

mise en scène Sylvain Delcourt

: Présentation

…mise en scène…


Mettre en scène Figaro Divorce est mettre en scène une comédie s’articulant sur « une énigme » : « On la cherche toujours, on ne la trouve jamais, pourtant on ne cesse de la perdre (…) Ce serait l’humanité, à ce qu’il dit. ». Développant la figure d’un Figaro post-révolution, Horváth écrit une pièce qui à l’opposé de Brecht, son contemporain, est éminemment apolitique. Véritable invitation à réfléchir sur la notion d’engagement, de constance, de fidélité, d’émigration, FIGARO DIVORCE est parfaitement en prise avec l’actualité. La pièce interroge notre désir de Révolution et notre besoin de révolte. Elle fouille cette intangible notion d’humanité, perdue dans le labyrinthe de nos désirs, entre sécurité, révolte, tranquillité, évolution et intégration. Le comique d’Horváth nait de ce que les personnages se prennent pour ce qu’ils ne sont pas ou plus, et agissent pour faire perdurer une structure identitaire qui n’a manifestement pas sa place ici.


L’écriture d’Horváth à la fois dans ses transitions, ses didascalies et sa structure narrative est très cinématographique. J’aimerais utiliser les codes et les artifices de la série, de la sitcom, son réalisme « en toc » pour accentuer légèrement le comique des personnages et des situations.

L’utilisation de la sitcom en public me permet de développer trois actes dans un code commun, mais aussi un univers particulier à chaque acte/épisode.


L’acte 1 est une fuite en avant. Nos quatre émigrés/rôles principaux/vedettes courent dans ce nouveau pays vers un paradis, perdu pour le comte et la comtesse, à créer pour Figaro. Un pays où les machinistes sont visiblement à l’oeuvre pour déplacer, créer et tenir tant bien que mal les décors, lumières et autres artifices de situations nécessaires au bon déroulement de cette histoire, à l’instar de travailleurs immigrés oeuvrant pour la collectivité. Un pays où vivent des seconds rôles/figurants se prenant encore une fois pour ce qu’ils ne sont pas : des personnages principaux.

C’est à l’acte 2 à Grand-Bisbille où la fameuse énergie sautillante de Figaro se transforme en ronds de jambes et courbettes au service de la communauté afin de réussir son intégration et pouvoir un jour lui aussi clamer bien haut : « On est chez nous ». Il s’éteint à petit feu dans cet enfer de tranquillité aux aspects de pays de retraités/de mauvais vaudeville où tous vivent en pyjama. Pris dans ce présent cloisonné il refuse un avenir/un enfant à la coquette Suzanne qui finit par le tromper avec un quatrième rôle et le quitte.


L’ acte 3 s’amuse du pathétisme de nos vedettes devenus seconds rôles… la comtesse est même morte d’une grippe… Figaro de retour au pays tente de tenir le rôle d’intendant du château qu’il a eu en évinçant un autre comédien et prononce un monologue de la pensée sacrificielle du mouvement révolutionnaire aux enfants. Mais ce rôle de guide charismatique ne tient pas face à la passion des enfants à décapiter le comte de retour au château avec Suzanne. Il faut quitter la politique et retrouver l’insolence.


…scénographie…


Le Figaro de Beaumarchais est la figure mythique de la révolution française dans la littérature. Il est, tel La Liberté guidant le peuple de Delacroix, un symbole, un guide, une lumière à suivre. Figaro devient alors le dépositaire de l'image et du discours de la révolution. Il représente le peuple tout entier, ce qui peut mener une nouvelle fois à la confiscation du pouvoir. Horváth dénonce ce potentiel retournement tout au long de Figaro divorce.

L'image d'ouverture sera donc spectaculaire, donnant à voir un Figaro-Sauveur. Il s'agit d'emporter le spectateur dans une vision à la fois apocalyptique d'une révolution qui dégénère au lointain alors qu'au premier plan, Figaro est celui à qui l'on peut remettre son destin. La seconde suivante, l'enchantement du théâtre sera dénoncé. Les machinistes seront à la lumière comme une descente de police dans un atelier clandestin Prada. S'ensuit, durant tout l'acte I, l'épopée d'un Figaro fuyant la révolution qu'il a lui même créée, devenue monstrueuse. L'espace sera traversé d'éléments disparates suivant la course effrénée de l'histoire. A l'acte II, Figaro trouve refuge à Grand Bisbille. Le temps et l'espace se fige, se contraint par de multiples délimitations et frontières. Les déplacements sont ordonnés et règlementés. Au dernier acte, on retrouve le château abandonné par Figaro à la première image du spectacle. L'architecture est une représentation du pouvoir, le château en est donc le siège. Progressivement il corrompt, il encercle, il écrase. Il faut briser des vitres pour respirer.

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