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Fernando Krapp m'a écrit cette lettre

+ d'infos sur le texte de Tankred Dorst traduit par Bernard Lortholary
mise en scène Cédric Garoyan

: Présentation

« Fernando Krapp m’a écrit cette lettre » est la première réplique de la pièce. Julia tient la lettre dans sa main, la tend à son père : Le destin de la jeune femme est scellé. Les premiers mots de Fernando, sont terriblement puissants et décident dès le début de la pièce du sort et de la vie de Julia.
Au-delà d’un destin « tragique », la pièce de Tankred Dorst interpelle le public sur le pouvoir du mot et de la parole. Si Fernando déclare : « ne pas m’aimer est impossible », c’est bien parce qu’il l’a décidé et, possédant le pouvoir, il détient aussi la vérité. Bien qu’il impose sa vérité, cela reste la sienne. Julia est en quête d’autres mots. Elle cherche à sublimer sa réalité et tend vers un romantisme que rejette son mari. Elle attend, inlassablement, la parole libératrice. En vain. Fernando n’a conscience de son vrai pouvoir, non pas celui de l’argent ou celui d’agir, mais celui de provoquer de l’espoir par la parole, que trop tard.
Le comte, exact contre point de Fernando, comprend l’attente de Julia. Il sait trouver les mots. Mais affolé par ce pouvoir qui le dépasse, par cette puissance qui transcende son propre charme ou le caractère pompeux de son titre, il rend les armes sur l’autel de la lâcheté.
Après notre travail sur Huis-clos, où l’acte est fondamental et la parole en définitive secondaire, nous avons désiré, avec l’équipe du théâtre Antibéa, prendre le contre pied du philosophe existentialiste et nous pencher sur une pièce qui ne s’attache non plus à l’action mais bien à la parole.
Nous avons voulu, dans une société hyper individualiste, saturée d’images qui « dé-démocratise » l’accès à l’écrit, dans une société du rendement où le loisir –dans le sens antique du terme- devient suspect, dans une société où l’on n’a jamais eu autant de moyen de communication et où dans le même temps nous n’avons jamais si peu communiqué, rendre toute sa place à la parole. Nous pensons que c’est aujourd’hui plus que nécessaire, c’est un devoir de citoyen.
Pour parvenir à nos fins, nous avons amorcé un vrai travail de troupe. Avec des comédiens expérimentés et qui se connaissent depuis longtemps, nous poussons la réflexion et cherchons le consensus. Le metteur en scène est plus ici un « coordonnateur » qu’un despote qui, comme Fernando Krapp, imposerait sa Vérité parce qu’il a le pouvoir.
Antibéa est un laboratoire de recherche et un lieu de création engagée. La pièce de Tankred Dorst, minimaliste dans l’exposition des faits, riche en sous entendus est dans la lignée de nos créations. C’est le dépouillement que cherche Julia et c’est par le dépouillement que le Théâtre peut s’accomplir. Lorsque Fernando déclare : « ma maison n’est pas un théâtre », il se trompe évidemment. Ce n’est pas la vie qui est un théâtre, mais le théâtre qui est la vie.


Antibéa Théâtre, par l’équipe de Fernando Krapp.

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