: Les Trois pièces
Toutes trois ont été publiées en 2008, dans un recueil intitulé « la Famille », premier volume des « petites
formes de la Comédie Française », qui réunit une dizaine d’auteurs contemporains vivants, « choisis pour leur
différences, pour la singularité de leur univers et de leur langue ».
La question cruciale de la famille a été posée à ces auteurs, imposée comme thématique commune.
C’est à la lecture des textes respectifs de Philippe Minyana et de Noëlle Renaude que l’idée et l’envie de ce
projet sont nées.
D’abord il y a les nombreux ponts qui relient ces deux auteurs, dans la forme et le fond :
L’humour, noir souvent, la concision, les cycles, l’affection, la clarté du propos, et ce besoin de provoquer du
théâtre par la langue.
Le texte et le style de Carole Fréchette s’y ’intercale parfaitement, par son écriture plus réaliste,
cinématographique, et mettant le tout en relief, et nous présente une autre famille, différente mais bien
reconnaissable.
Voici :
« Madame If Reçoit » Philippe Minyana :
Mme If reçoit ses enfants à déjeuner. Quoi de plus simple ?
Pourquoi alors les choses sont elles si compliquées?
Et tout le monde parle trop fort.
On ne sait pas ou s'asseoir, -Sur quelle chaise? Comment? A côté de qui? -
On tente, on rate, et en attendant le Père, on boit.
La vie se chorégraphie, absurdement drôle et douloureuse.
Et puis finalement on s'aime, et tout parait normal, nous sommes réconciliés.
Une Famille normale...au bord du gouffre.
A dimanche prochain alors ?
Un quotidien ritualisé, abhorré et adoré. C’est comme ça chez nous.
« La Pose » de Carole Fréchette
Marie-Luce revient une fois encore de voyage. Son Père, sa Mère, son Frère, sont là.
Pour une fois que nous sommes tous réunis, on pourrait faire une photo, non ?
Quoi de plus simple et de plus légitime ?
Mais là non plus, on ne sait pas où s’asseoir, comment, ni dans quelle attitude.
Faut il se changer ? Je suis pressé.
Mais rien ne fonctionne, l’appareil s’enraye, les voix s’enrayent, et pour une simple photo surgissent les guerres
intimes, les guerres enfouies.
Les vieilles histoires refont surface, et personne ne s’écoute, pourtant quelqu’un ici a vraiment quelque chose à
dire…
On devient fou, alors, vite, un bon souvenir, une bonne nouvelle, et on recommence, parce qu’au fond, on ne
connaît que ça, et puis que c’est comme ça, la vie.
En Famille.
« Bon, Saint Cloud » de Noëlle Renaude
Ce père, qui fume, aimerait, il fume, aller à, Saint Cloud. Promener le chien.
Mais la mère a mal à la tête, tire sur sa jupe, fait bouffer ses cheveux, et puis, elle a un blanc.
Tu as beaucoup de blancs, Maman, en ce moment !
Et le fils, qui fait de brillantes études, part à Boston. Alors là Bravo, quelle réussite, notre fils à Boston, puis il
revient.
Puis le père qui fume, meurt, lui qui aimait tant aller à, Saint Cloud.
Et la fille devient mère, son mari devient triste, elle aussi a mal à la tête, tire sur sa jupe, veut aller à Saint Cloud
et puis son frère à des jumeaux.
Je ne vous vois pas, mais alors pas du tout, avec des jumeaux !
Et ce chien alors, qui va s’en occuper ?
Bon, ça vous dit, Saint Cloud ?
Une famille, des vies, des existences, cycliques, infiniment reconnaissables, touchantes.
40 ans de vie, étirés, et ratatinés en 25 minutes.
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