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Face à Médée

mise en scène François Cervantes

: Note d'intention

Par François Cervantès

Médée, c’est une femme, une étrangère, une barbare.
Elle est à la fois solaire et ténébreuse, guérisseuse et dévastatrice.
Son amour est absolu.
Un mythe raconte une histoire vraie qui s’est déroulée dans un passé primordial et qui explique la nature humaine. Cette histoire n’est pas seulement dans le passé, elle est aussi dans la chair, elle continue à se dérouler en nous. Maintenant que cette tragédie a eu lieu, que les héros ont été traversés par elle comme une lame portée au rouge, elle fait partie de nous, elle est dans les fibres de notre corps et nous la racontons pour savoir de quoi nous sommes faits.
Nous avons tous enfouie en nous la tragédie de Médée. Dans notre nature profonde, il y a cet amour, cette violence inouïe. Il y a une puissance qui communique avec les vols des oiseaux, les gouttes de pluie, les océans...
Médée nous montre combien nous sommes fragiles, habités par des forces qui peuvent à tout moment nous déchirer.
Je ne veux pas mettre en scène ce récit comme un témoignage du passé, mais plutôt chercher avec les comédiennes, ce qui de ce mythe est présent aujourd’hui dans leurs vies et dans leurs corps.


Nous avançons vers cette terre que je n’avais jamais pénétrée avant : la tragédie. Sans me l’expliquer, Médée représente pour moi la porte d’entrée dans le territoire du tragique, comme un drame inaugural, qui ouvre ce domaine mystérieux qu’est la tragédie.
Médée vient du lointain, un lointain à peine concevable, et pourtant il est au fond de moi, je le reconnais.


Je pense qu’on ne peut pas jouer Médée.
J’ai choisi d’adapter le texte : nous recevons un écho de cette tragédie à travers trois actrices qui nous en parlent, et nous voyons quelles sont les traces de ce personnage, de cette force, en elles.
Nous voyons notre capacité inouïe d’amour et de destruction.
Nous ne sommes pas que des êtres cultivés appartenant à un monde moderne, il y a au fond de nous un être primitif qui a la capacité d’extase et d’amour absolu, qui n’a pas peur de la mort.


En faisant revivre cette histoire face à nous, dans le présent du plateau, les comédiennes nous parlent directement, elles sont à la fois actrices et femmes. Elles feront face à la salle, parleront aux spectateurs comme Médée parle à Jason. Cette tragédie leur fait traverser les larmes, arrêter le récit, partager avec nous des confidences. Du fond de leurs mémoires surgissent des visions.


Pouvons-nous partager nos larmes ?
En Occident, les larmes sont signe d’impuissance et de fragilité.
Pourtant, éclater en sanglots devant l’autre, c’est une façon de s’ouvrir à lui, et les larmes partagées mènent parfois à l’action, à la révolte.


Entrainées par cette figure incandescente, les actrices partent à la rencontre de Médée, elles tentent de la faire apparaître, et de faire entendre sa parole.

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