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Exilith

+ d'infos sur le texte de Réza Barahéni
mise en scène Thierry Bedard

: Présentation

Exilith, une histoire immémoriale


Exilith, c’est l’histoire de Lilith, l’histoire de la première femme, le premier humain femelle. C’est la créatrice du langage qui fut diabolisée car la langue créée était celle de l’éros pur, la pure langue du rêve.
Exilith, c’est un théâtre de lutte à mort entre le langage, féminin, et les mythologies, les religions, les littératures du monde, toutes sous domination du logos, mâle.


Lilith est indomptable. Lilith s’est d’abord volontairement exilée du monde des hommes, dans les cavernes des bas-fonds archaïques. Puis elle s’est transformée en une créature impossible, insaisissable pour la seule conscience. Son langage est fait de fragments sans structure, de langues pré-adamites ou pré-oedipiennes, et tout autant de phrases si longues qu’on ne peut les serrer dans un livre. Elle apparaît et elle disparaît, elle murmure, elle hurle. Puis elle se transforme en ce que signifie son nom : Lil, la «nuit».
On l’a jetée dans la nuit noire; elle est devenue nuit noire. Elle est la voleuse de feu, la voleuse de subconscient, celui d’Adam, celui de tous les hommes. Elle s’empare des pensées et des désirs illicites. Elle plonge Adam et Ève dans le sommeil et les subtilise l’un à l’autre pour les pousser entre des bras interdits.
Elle les immerge dans le remugle de l’inceste qu’on leur avait ordonné d’oublier.


Lilith combat la métaphore, fondée sur l’autorité d’une chose sur une autre. La métaphore c’est l’ordre reçu de dieu: «Tu te coucheras sous Adam». Elle combat de même lamétonymie – le signe pour la chose,la cause pour l’effet. On l’a placée aux côtés d’Adam comme une séquelle de l’homme au centre de toutes les attentions.
Lilith ce sont les mots cachés au creux des oracles. Mais elle ne peut se satisfaire de cela. Lilith c’est le langage en soi, pas un ersatz. Une langue souveraine, pas une langue machinale. C’est la langue du rêve, le rêve du langage. C’est une langue dejoie pure, de plaisir, de rêve, qui s’est libérée du sens.


Lilith est le maître du théâtre …




Un mot de l’auteur


Chers tous,


Exilith devrait être lu pour ce qu'il est : un texte sur les femmes, la femme originale, la première femme, la femme rêvée.
Mais c’est aussi un texte de la souffrance des femmes partout dans le monde, en particulier la souffrance des femmes au long des âges sous le joug des trois patriarcats d'Abraham - Judaïsme, Christianisme et Islam. C’est aussi la souffrance des lieux de désastres politiques contemporains, mais se référer seulement aux atrocités de régimes violents politiserait le texte à un degré qui annihilerait sa valeur artistique.


Sans doute le texte est polémique, mais presque tout ce qui est sérieux est polémique, non ?
J'aime traiter de situations paradoxales et hétérogènes ; j'aime traiter des hybridités, des désirs cachés pour l'anormalité : l'imaginaire devient très actif dès que vous entrez dans les divergences de la norme.


Exilith c’est la langue du désir, de l'imaginaire du désir, avec lesquels arrive la douleur que crée la privation du désir et du plaisir, c’est-à-dire l'oppression.
Je vois ce matériau de prose et de poésie comme un royaume de désir, d'imagination, de plaisir, et de l’agonie qu'est la privation de tout cela. En ce sens souffrir c'est être privé de l’accès au plaisir, qui est également l’accès fondamental à l’art. Voyez, même dans la langue de la religion se distingue le reflet du désir ; c'est pourquoi elle séduit les gens.


Lisez ce texte de ce point de vue je vous prie. Il ne faudrait pas le réduire à une provocation politique ou religieuse.
Nous montons sur scène avec notre désir et notre imagination, et avec la peine d'en être privé.


Bien à vous,


Reza Baraheni
(mail du 8 septembre 2005)

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