Bien sûr, il s’agit de mettre en scène cette histoire et ces personnages. Mais l’aventure, une fois encore, se situe dans la langue, son souffle, sa musicalité et dans l’enchainement des scènes qui, dans le temps unique de la représentation, se situe sur différents plans de narration. Scènes vécues, scènes rêvées ou flashbacks.

Etre Humain est un récit. Une voix intérieure que le théâtre nous donne à entendre. Puis, cette voix se démultiplie pour reconstituer un événement passé. Nous sommes, à la fois, dans le drame et au-delà du drame.

La tragédie a déjà eu lieu, reste l’écho des voix.

L’auteur nous livre des paroles intimes, à la fois violentes et pudiques. Il nous donne à entendre ce que pensent les personnages en même temps qu’ils se parlent. Ainsi, l’histoire se compose devant nous par bribes de pensées, de révélations et de scènes reconstituées.

L’action est dans la parole. C’est elle qui met en scène.

Dans ce jeu des révélations et des reconstitutions, l’auteur nous révèle aussi le théâtre au fur et à mesure du texte, au cœur même du dialogue : le nom d’un personnage, une phrase qui serait bien de dire à ce moment là; comme une distance nécessaire, un rappel : ce n’est que jeu « la sœur : Qu’est que tu fabriques, dis, à quoi tu joues? ». Même au cœur du drame, l’auteur garde une part d’enfance, une légèreté qui nous invite à entendre l’indicible.

Ainsi se créent des couches de narration à la fois visibles et invisibles. Dans la mise en scène, il s’agira de tenter de les révéler toutes à la fois, de les tenir sur un même plan, juste avec ce que nous propose la scène, dans sa plus grande simplicité : acteurs, plateau, lumière.

Dans cette simplicité recherchée et revendiquée, il s’agira de placer le texte au plus près des acteurs, de trouver un naturel, d’effacer sa forme tout en la respectant. Enfin, comme le dit l'auteur, il s'agira de laisser transparaître l’humanité des acteurs, portée par une langue qui cherche à être les personnages.