Comment un meurtre se perpétue après sept ans de vie commune dans une même maison. – D’entrée de jeu, comment pour le dramaturge, ce meurtre est déjà commis dans l’agencement des mots, puis pour le metteur en scène dans l’agencement des choses dans l’espace scénique, enfin pour l’acteur, entre les mots et les choses, dans leur écartement où le sens s’affole, se perd.

L’envie donc d’un texte théâtral dont l’argument ait, comme cela, des réminiscences de tragédie antique – comme d’un référent dramaturgique absolu – et dont les situations soient néanmoins proches de nous, immédiatement reconnaissables dans leur candeur, voire ordinaires.

Un texte dont la parole « parle de loin », comme celle même de la conversation de tous les jours, dans la cuisine ou le salon : un parler pour ne rien dire, une quotidienne insignifiance. Oui, le désir d’une parole quelque part entre sa présence et son absence, distante en tout cas, et intermittente. Et toutefois, répondant au tragique de l’argument, dont l’écriture manifeste quelque chose qu’on dirait, selon notre regard, « La grande banalité de la mort » ; dans se rejet obstiné, notre tragédie.

Jean Magnan