« Il y a dans l’œuvre de Naomi Wallace, une tonalité singulière, affirme René Loyon. Son théâtre a une dimension de critique sociale fondamentale : il pointe sans relâche les violences et les injustices criantes qui sont celles de l’Amérique contemporaine. » La pièce dont s’empare aujourd’hui le metteur en scène ne déroge pas à cet engagement. À travers le destin chaotique de deux jeunes femmes, Et moi et le silence dénonce la cruauté du racisme et des rapports de classe qui pèsent sur les États-Unis. Jamie et Dee font connaissance au sein d’une prison, dans les années 1950. La première est noire, la seconde blanche. Une amitié naît entre elles, ainsi que l’envie de se construire une petite vie ensemble, une fois libérées. Mais leurs rêves, bien que des plus modestes, se heurtent au mépris de classe et à la ségrégation. Entre présent et passé, réalisme poétique et cocasserie, la pièce de Naomi Wallace nous plonge dans l’existence d’êtres qui s’acharnent à vouloir donner un sens à leur vie. À vouloir « être quelqu’un » dans un monde où tout les condamne à n’être rien.