Jean-Christophe Cavallin propose dans Babyfoot un étonnant huis clos, drôle et cruel, où le fait divers le dispute à l'intrigue psychologique.
La soirée commence bien : Monsieur Jourdan, rédacteur en chef des Échos d'Aubusson a été convié par un jeune couple à dîner. Gilles, le jeune homme, l'a invité pour initier sa femme, Jessica, à la rédaction de compterendu de faits divers, dans le but espéré de lui faire retrouver un travail. Et peut-être aussi de la sortir d'une dépression qui ne se dit pas...
Mais bientôt, d'autres enjeux se découvrent, en particulier un bébé, dont les pleurs viennent scander la soirée, jusqu'au dénouement final.
L'écriture de Babyfoot est très précise, intelligente, presque clinique. On pense à une partition, dont on découvre avec jubilation et effroi, qu'elle est implacable et ajustée au millimètre près. Les personnages, au départ des archétypes, se révèlent névrosés et touchants, avec au centre Jessica comme une "mater dolorosa", mère angoissée, aimante et narcissique.
La mise en scène sera particulièrement simple, comme un prologue à Et l'enfant sur le loup (une sacrée histoire aussi !), dans un espace épuré, architecturé par la lumière et le son : les voix, les corps, les regards.
Qui veut jouer au Babyfoot ? Chiche !

Sylvain Maurice