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Et avec sa queue, il frappe!

+ d'infos sur le texte de Thomas Gunzig
mise en scène David Strosberg

: Présentation

Quand j’avais douze ans, j’étais aussi maigre et craintif qu’un petit oiseau tombé du nid. La vie m’apparaissait comme un océan furieux et moi, sur son bord, je le regardais avec terreur, convaincu qu’un jour il m’emporterait avec lui et qu’on ne me verrait plus jamais.
Le fait est que je ne comprenais rien ni au sexe ni à la violence qui étaient les deux prédateurs qui habitaient ses grandes profondeurs. Mais, bien entendu, le sexe et la violence, que je pressentais liés d’une manière ou d’une autre, étaient ce qui m’intéressait le plus. J’en avais un peu honte bien entendu, j’avais la très nette impression qu’être aussi intéressé par le sexe et par la violence, surtout quand on est maigre et craintif, trahissait une âme tordue dont l’avenir promettait d’être pénible, un peu comme Arnie, l’anti-héros de Christine, le film de John Carpenter que je vis des années plus tard, et dans lequel un gringalet à lunettes est possédé par la puissance maléfique de sa Plymouth Fury rouge sang.
Evidemment, mon inquiétude qui se muait lentement en ce sentiment si étrange qu’est la « peur de vivre », trouvait son origine dans mon incapacité à trouver les coordonnées de ces deux points, sexe et violence, essentiels à toute géographie humaine.
Et puis, dans cette première moitié des années quatre-vingt, nous fîmes l’acquisition d’un lecteur VHS et, pas loin de chez moi, il y avait un de ces premiers « vidéo club » avec un marchand pas trop regardant sur l’âge de ses clients.
Bien qu’à l’époque je ne mesurais pas encore à quel point, j’avais malgré tout eu l’intuition d’être sur le seuil du pays des merveilles tout simplement.
Poussé par mon instinct (un instinct qui ne me trahira jamais et que je suivrai toujours), je commençai par Bruce Lee avec Big Boss, Opération Dragon, La Fureur du Dragon, La Fureur de Vaincre et Le Jeu de la mort. Et puis, il y eut la série des Death Wish avec Charles Bronson et puis Evil Dead et son viol végétal et puis Massacre à la Tronçonneuse et ses petits shorts en jeans et puis Spit on your graves et puis La dernière maison sur la gauche, La colline a des yeux, Cannibal holocaust et son viol à la boue, Cannibal Ferox, Scanner, Suspiria, Dawn of dead, Anthropophagus mais aussi Delta Force, Rambo, Karate Kid, Invasion USA, Red Dawn ou Commando.
Tous ces films, toutes ces images, toutes ces histoires, tous ces cris, tout ce sang, tous ces meurtres, tous ces justiciers, tous ces coups portés au visage, tous ces scénarios bizarres, mal fichus mais toujours en trois actes, avec le temps ça m’a aidé à vivre.
Ou plutôt, ça m’a appris à vivre.
L’histoire de Et avec sa queue, il frappe ! sera celle d’un homme qui raconte l’apprentissage de la vie à travers les films qu’il a aimés.
Et cet homme, ce n’est pas moi.

Thomas Gunzig

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