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Elephant people

+ d'infos sur le texte de Daniel Keene traduit par Séverine Magois
mise en scène Renaud Cojo

: Motif dramaturgique

Le projet Elephant People est un opéra contemporain dont le motif dramaturgique rassemble les grandes figures passées de la monstruosité autour du personnage « fondateur » de Joseph Carey Merrick (1862-1890) dit Elephant Man.


Répondant au principe de la commande adressée à Daniel Keene pour le livret et à The Married Monk pour les compositions musicales, Elephant People endosse un motif dramaturgique complexe dont Grace Mac Daniel, la célèbre femme à face de mule (1888-1958), dessina les contours malgré elle, grâce à son témoignage actif :
« Nous sommes la rencontre du plus scandaleux, du plus obscène, nous sommes l’association des contraires, des différences, nous sommes l’histoire qui concilie l’inconciliable, nous sommes un monde où l’entendement et la raison se compromettent ». En repoussant le normatif vers des horizons où la fiction accède au statut de réalité, l’humanité se découvre dans son profond bouleversement à travers la présence de ces corps contraires. Et plus tard, Serpentina, l’illustre femme-serpent privée d’os, de poursuivre : « Nous les monstres, aujourd’hui chefs d’œuvre de l’insolite, ne sommes-nous pas les éclaireurs avancés de l’humanité de demain ? » Inverser les regards portés sur la réalité de ce monde afin de pénétrer le mystère des possibles des lois de la nature, approcher le fantastique comme une partie invisible de soi-même, tels sont les arguments majeurs de cet opéra pop.


Transposition du réel à travers ces présences monstrueuses dont les vies ne se sont pas forcément croisées d’une manière chronologique afin de figer une parole universelle, intemporelle. La baraque de foire au XXIe siècle ou freak show autrefois, serait aujourd’hui probablement cette tribune ouverte, genre émission de débat TV ou pseudo loft réel. L’image truquée, notamment par la publicité, offre la primauté du culte du corps. Ici, le débat télévisé supplante donc la baraque de foire et le drame se noue off micro. Joseph Carey Merrick dit l’Homme Eléphant y présente les figures emblématiques des monstres de foire (Jo-Jo l’Homme chien, Clémentine Delait la Femme à barbe, Eng et Chang les premiers frères siamois, Jean-Jacques Libbera l’Homme au frère parasitaire, Vincent Mc Doom « créature » médiatique). D’une façon allégorique, les témoignages de chacune de ces vies s’entrecroisent sous forme de dialogues parlés et chantés.


Elephant People est donc un opéra qui met en scène une émission TV de talk-show en train de se tourner pour une diffusion en différé.
L’intégralité des codes d’une telle entreprise ne sont pas conservés dans leur globalité. Cependant la mise en scène conserve les pauses destinées originellement aux changements d’axe des caméras où changements de décor… C’est ici, dans ce « off », cette absence de tension, que le drame prend sa source, et la musique joue. Toujours.

Renaud Cojo

05 juin 2007

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