: Présentation
Après la tragédie contemporaine...
Le projet de monter Edouard II de Christopher Marlowe s'inscrit dans la logique
d'alternance entre création contemporaine et répertoire classique suivie par le Ring-
Théâtre.
Avec Quartier Général, notre dernier spectacle, nous nous étions lancés dans un travail
expérimental porté par un projet d'écriture contemporain. Il s'agissait de proposer une
forme en prise directe avec notre époque, une fable politique et poétique. Nous avons
voulu porter à la scène une jeunesse qui peine à trouver le chemin de l'action politique, à
assumer les conséquences souvent violentes de l'exercice du pouvoir. Une voie – aussi
ambigüe que contradictoire – fnit pourtant par s'esquisser vers l'émancipation. Et elle
passe par la perte de l'innoncence.
Voilà qui pourrait sembler bien sombre si on ne trouvait pas derrière chaque crise,
chaque combat et chaque blessure ce mot étrange, cet idéal aussi évident
qu'insaisissable : "fraternité". C'est cela en défnitive que nous avons, chacun avec nos
moyens et nos limites, essayé d'exprimer – et nous nous y serons parfois épuisés.
Nous éprouvons à présent le besoin de nous plonger dans la "grande histoire" – avec
toujours à l'esprit cet horizon incertain, ce numéro de funambule qu'est l'exercice du
pouvoir... Peut-on penser avec grandeur, et agir avec légèreté ?
...l'épopée historique.
Edouard II nous ofre à la fois un contrepoint et une continuité à nos précédentes
recherches.
Un contrepoint, parce qu'après l'expérimentation formelle et le resserrement tragique
de Quartier Général, nous éprouvons le besoin de nous confronter au soufe d'un récit
épique, dans la tradition des "grandes pièces" du théâtre populaire, avec un projet qui
rassemblera au moins une dizaine d'acteurs au plateau. Le besoin aussi cette fois de
prendre du recul par rapport à un présent difcile à saisir, en s'attaquant à une
chronique historique.
Une continuité, parce qu'Edouard II nous permettra de poursuivre notre recherche
d'un théâtre politique. Ce sera une nouvelle tentative pour essayer d'appréhender la
violence du pouvoir et de comprendre cette chose complexe qu'est la raison d'Etat. Non
pas un théâtre idéologique, mais un théâtre qui ferait de son centre le jeu politique, qui
montrerait le jeu de la politique à l'oeuvre. Un théâtre pour être plus lucide. Un théâtre
pour lutter, encore et toujours, contre notre inadmissible désir de renoncement.
Et puis surtout, l'écriture de Marlowe – peut-être encore plus que celle de Shakespeare
– est le support idéal pour tenter d'atteindre ce "grand théâtre populaire" dont nous
rêvons. Car chez Marlowe plus que chez tout autre, on retrouve cette "naïveté des
épopées populaires originelles", dont parle Brecht. Un théâtre avec du soufe, du rire et
des larmes. Avec la force implacable de l'Histoire... et la résistance des humains, leur
faiblesse aussi, qui sont source d'infnie tendresse...
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