: Note sur le spectacle
Il y a quelques années, j’entrai seul en scène.
Le rendez-vous pourtant différent tous les soirs restait intact : un
silence qui n’avait rien à voir avec le silence que je connaissais au théâtre.
Un silence inconnu, flambant neuf, où ces mots, ces textes, ces grands
auteurs, qui m’effrayaient tant ils étaient compartimentés, référencés,
élitaires ou populistes, hermétiques ou primaires, tous fragmentaires loin
de leurs socles et de leurs titres, étaient là, constituant des morceaux
qui ne semblaient pas choisis mais évadés, frais comme un premier jour
de liberté.
Bizarrement, tous les soirs, le théâtre – le seul endroit où l’on ne prétend
pas à la vérité, là où tout est faux – devenait un refuge, le refuge d’un
« vrai moment de vrai ». Peut-être était-ce là qu’un rêve s’accomplissait ;
cette sensation fraîche et chaleureuse de liberté, espiègle et
naïve n’était plus seulement mienne, elle était partagée. Le public la
partageait, n’avait plus peur. Duras, La Fontaine, Maïakovski, Rimbaud,
Beckett étaient avec nous dans la cour de récré, nous nous vengions de
l’école.
Je viens seul, la voix brute et à mains nues, un cahier sous le bras, jouer
à rire, à pleurer, à réfléchir avec des mots que je trouve beaux et qui ne
me font plus peur. “Eclats de vie” est composé comme un tour de chant,
pourtant il s’agit bien de théâtre ; une histoire se raconte malgré moi,
qui n’ai pour instrument que mes mains et ma voix.
Jacques Weber
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.