: Extraits Journal
Samedi 25 Janvier 1986
Ai-je dit que Isherwood est mort ? Non. Je le dis. C’était il y a deux ou trois semaines. J’ai pensé à Hockney, beaucoup.
En fait, vous le saviez déjà (que Isherwood est mort...). Incroyable, le nombre de choses que je crois vous apprendre et que vous savez déjà, à cause du temps. Et Hockney, maintenant, est mort aussi.
Et vous le savez avant moi, et même moi aussi, je suis mort, il n’y a que vous dont on puisse être à peu près sûr...
Dimanche 18 février 1989
Paris, Edgar Quinet, 14 heures 40
Bilan hier à l’hôpital, excellent. 12 tubes de prise de sang (moi qui claquais des dents il y a à peine quelque temps devant une seringue). Médecin-femme Dr Salmon, plus sympathique que les fois précédentes. (Parce qu’elle tient un cobaye ? ou parce qu’elle s’habitue à mon allure désinvolte, faussement désinvolte…?.
Visite tous les 15 jours. On verra. Descente kafkaïenne dans les deuxièmes sous-sols de l’hôpital Bichat.
La responsable-pharmacienne s’appelle Madame CERTAIN.
Elle me reçoit dans un minuscule bureau sans fenêtre plein de livres y compris par terre et enfumé par ses cigarettes.
Elle me remet une dose pour 15 jours (et une autre dose de « secours » si je devais perdre, égarer celle-là…).
Elle me serre la main. A dans 15 jours.
La mission s’appelle « Concorde » et je suis un agent secret. J’ai un numéro de code, mon nom est connu de ces deux femmes, Mme Salmon et _ Mme Certain – on voit que ce sont des faux noms, et que ce ne sont même pas des femmes… – de belles espionnes de couleur noire – et l’une s’appelle Ophélie – nues très certainement sous leurs blouses blanches me raccompagnent.
Au détour d’un couloir deux pancartes : « centre de diététique » et « chambre mortuaire ». Je prends l’ascenseur et je remonte à l’air libre. Générique de début de l’épisode.
Jean-Luc Lagarce
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