En miettes, c’est l’histoire de Camille, un adolescent qui prend non seulement conscience de la fin de son enfance à laquelle on veut l’arracher, mais aussi de sa finitude, de la vieillesse et de la mort qui le menacent. Affolé par ces idées et par la pression que lui fait subir sa famille pour qu’il devienne quelqu’un, il tombe dans le mutisme. Ses parents font alors appel à un médecin qui pénètre le huis clos qu’ils ont formé autour de lui et entreprend de lui faire accepter le schéma familial qu’ils défendent. Toute tentative d’escapade est vaine, Camille passe son temps à s’enregistrer dans un dictaphone, il raconte ses rêves, ses angoisses et cherche à élargir le présent. Après une longue scène de remontrances qui prend la forme d’une torture psychologique, les parents et le médecin décident de déployer une nouvelle tactique et tentent de lui administrer un remède singulier.

En miettes invente la rencontre de deux œuvres d’Eugène Ionesco, une pièce, Jacques ou la Soumission et son journal intime, Journal en miettes. En miettes est un texte nouveau, créé d’après ces deux œuvres de Ionesco. En extrayant la moelle épinière de Jacques ou la Soumission, j’écris ma propre version de la fable, celle d’aujourd’hui, celle qui nous ressemble. Je reprends les figures et les thématiques principales de Ionesco, et je choisis d’y associer des extraits intacts de Journal en miettes sous forme de monologues ou d’enregistrements, distribués aux personnages de Camille, Sacha et Le Vieux, tous personnages en marge de la microsociété formée par la famille de Camille, et le médecin.
Chez Ionesco, les thématiques sont fondamentales et tragiques mais on rit, beaucoup. On rit de l’angoisse perpétuelle du temps qui passe et qui dégrade tout, qui transforme les corps et les relations. Un rire de défense, de protection.

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Laura Mariani