À la lecture Du temps que les arbres parlaient d’Yves Lebeau, j’ai été particulièrement touché par la relation entre l’Arbre et l’Enfant. J’ai retrouvé des thématiques qui me sont chères, la quête d'identité, la construction de l'individu, l'enfance, la mort... C’est une pièce pleine d’espoir en l’avenir et qui confronte plusieurs temporalités. La parole occupe une place très importante dans Du temps que les arbres parlaient, c'est entre autres en parlant que l'Enfant va sortir de ses idées sombres.

L'Arbre est tout d'abord désemparé par les questionnements de l'Enfant. Et quant ce dernier lui dit qu'il veut disparaître, l'Arbre juge l'idée complètement idiote, pourquoi finir avant d'avoir commencer ?
Puis il affronte la question avec lui, tout d'abord en lui disant comment s'y prendre. il le met face à sa propre peur, la peur d'avoir mal.
J’aime cette idée que le vieux chêne rende le goût de vivre au jeune garçon. Qu’il le brusque parfois, se dispute avec lui, l’amène même jusqu’au bout de sa démarche dangereuse, mais surtout qu’il l’écoute et le fasse parler, de lui, de ses sentiments, de sa famille...

Ce choix particulier d'un arbre comme complice apporte une profondeur supplémentaire à la réflexion sur la mort, il la lie à la nature, vue ici comme une force de vie têtue. Et pour un metteur en scène, c'est un beau défi de faire parler un arbre sur un plateau de théâtre !

Jean-Philippe Naas