Nous sommes partis d’une page blanche. Ni propos, ni forme, ni thème prédéfini. Quelques envies ou contraintes ; Un spectacle léger techniquement, pour jeune public et écrit sur base d’improvisations libres.

Ensuite, se déroule un long travail de recherche. Des recherches sur le plateau, en jouant, en testant. On essaie, on jette, on met de côté, on oublie, on développe, on laisse reposer, on reprend, on creuse, on nourrit… On avance !
Très vite nous nous sommes rendu compte de la place importante que pourrait prendre le mouvement comme un des langages du personnage. Comme déclencheur, comme vecteur d’émotion et comme activeur de mémoire. Mélody Willame nous rejoint pour alimenter et diriger celui-ci.

Le travail n’a pas été simple, il a été long c’est vrai mais jamais il ne s’est déroulé dans la tension, dans la lassitude ou dans un souci d’efficacité. Ce qui du point de vue de l’acteur est d’un confort exceptionnel. Il peut alors proposer, essayer, se planter, inventer et jouer.

Il est toujours intéressant pour un acteur d’interpréter un personnage complexe. Donner à voir un personnage sous de multiples facettes est très enrichissant. Sans jugements, sans stéréotypes, de façon à laisser la possibilité au public de ressentir les choses. C’est un aspect du travail inhérent au Zététique théâtre qui centre une grande partie de ses spectacles sur l’acteur.

Du point de vue du contenu, beaucoup de choses me touchent également. Du fait que cette histoire est née sur base de mes désirs sur le plateau. Désirs conscients ou non.

Ainsi la solitude de ce gamin face aux questions qu’il se pose. A qui parler de ce qui le tracasse ? Qui pour le guider ? Quel exemple suivre ?
Dans l’intimité de sa chambre, il laisse tomber le masque. On retrouve Djibi avec ses colères, ses rêves, ses désirs, ses humeurs. Cette bulle donne à voir son intériorité. On suit le fil de sa pensée au travers de ses jeux. Le plaisir sur scène consiste à être le plus juste, le plus vrai tout en sachant que tout est faux puisque nous sommes au théâtre. Jouer sur un fil ténu qui oscille entre réalité et théâtralité.

L’énergie que met le personnage à se dépatouiller de la situation désagréable dans laquelle il se trouve me touche également beaucoup. Il se débat, se tortille pour sortir de l’engluement. Il est habité par une force de vie qui invente mille et une astuces pour échapper au marasme. Tout passe par le jeu et le ludique. Utiliser le jeu, le mouvement pour exprimer ses émotions et formuler ses impressions, c’est aussi une forme de théâtre à laquelle Djibi s’adonne sans le savoir.

Je terminerai en ajoutant que ce spectacle est un vrai plaisir à jouer. De par sa légèreté, son approche physique et son rythme oscillant entre silences, mouvements, calme et euphorie.

Julien Collard