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Dialogue d'un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis

mise en scène Sébastien Bournac

: Présentation

« J’écris un théâtre de l’attaque et de la riposte. »
J.-M. Piemme



Ce Dialogue d’un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis de Jean-Marie Piemme est, sur un mode quasi farcesque, un jeu théâtral virtuose, mais j’y lis surtout une virulente satire sociale et politique de notre monde.
Derrière le prétexte d’une fable vengeresse et quelque peu « aristophanesque », tous les sujets de l’actualité y sont passés en revue sous le regard acerbe et amusé de l’auteur comique, tel un jongleur ou un bateleur : les dérives et manquements de la classe politique, le cynisme et le mensonge, la sécurité, le consumérisme, l’exploitation, l’injustice sociale, l’opulence des uns qui s’enivrent et la précarité et la vulnérabilité des autres…


Je choisis de le porter à la scène parce que j’ai le sentiment que ce texte permet de se reconnecter drôlement et puissamment à la charge critique de la parole sur une scène.


S’il est une nécessité et un sens que je vois aujourd’hui à la représentation théâtrale, ils passent par cette impérieuse exigence de mettre le théâtre en correspondance avec la réalité, avec son temps, avec la vie politique, sociale, économique, morale de son temps.


« La vie me choque, sinon pourquoi écrire ? », affirme de façon très stimulante Jean-Marie Piemme. L’écriture est pour lui une revanche sur le réel.
Je ne crois pas au fond que mon activité de metteur en scène se soit jamais située ailleurs que dans cette attitude de réaction.
Pourtant j’éprouve aujourd’hui le besoin de rendre cet engagement plus explicite.
Face aux maux actuels, nous ne pouvons pas rester là à ne rien faire.
Soyons des nageurs, pas des noyés !


Choisir un texte pour le mettre en scène, c’est le reconnaître.
Faire face lucidement à la nécessité, au besoin que l’on en a.
Se faire mordre par lui en quelque sorte… et l’aimer pour cela.
Espérer aussi que sa joyeuse rage soit contagieuse et salutaire pour tous.


Je veux donc pister ici l’odeur animale de l’écriture de Piemme pour l’injecter dans notre création.
Je ressens le vif besoin d’aller puiser dans l’énergie canine qui sous-tend la joute oratoire paradoxale entre les deux figures théâtrales « bord cadre » de la pièce : cet HOMME qui n’en est plus tout à fait un, tant il est le naufragé de sa propre vie, et ce CHIEN qui est plus qu’un CHIEN, tant son éloquence, ses ressources dialectiques et sa roublarde débrouillardise le distingue.


Pour enfiler ces costumes-là qui ne sont pas n’importe lesquels, nous mettrons face à face sur scène deux acteurs, Ismaël Ruggiero et Régis Goudot.
Et parce que je préfère ici l’idée d’un trio au duo attendu, j’inviterai Sébastien Gisbert, jeune percussionniste talentueux, à créer en direct sur scène l’environnement sonore et musical du spectacle et à perturber les situations.


Avec une scénographie que je voudrais la plus autonome possible et qui se souviendra de l’esprit du tréteau et de la farce (ici néanmoins revisité), je n’oublierai pas qu’il m’importe beaucoup que les créations de la compagnie TABULA RASA voyagent le plus librement possible dans les théâtres et hors des théâtres. Aller à la rencontre des publics et aussi faire du théâtre pour le non public. Que le théâtre se nourrisse des forces du non-théâtre, cela aussi reste pour nous un désir intempestif et militant : c’est la survie de notre art qui est en jeu.


Partager dans le présent percussif de la représentation avec les spectateurs cette nécessité que le théâtre doive nous remettre en jeu dans notre urgence de vivre. Retrouver par les moyens du théâtre l’urgence d’exister. La crier tout au moins. La pièce de Jean-Marie Piemme nous interpelle précisément à cet endroit.


Je relis ces mots de Dario Fo qui me semblent fort synthétiquement et avec beaucoup d’acuité résumer l’alternative face à laquelle nous nous trouvons : « Je crois sérieusement, et je le répète chaque fois que je m’adresse à des jeunes gens de théâtre qui me demandent comment aborder l’art du spectacle, que le point clé de tout auteur, décorateur, metteur en scène ou acteur doit se retrouver dans son engagement moral et politique. En somme, tout homme de culture doit choisir de quel côté il se situe : recherche-t-il exclusivement l’hédonisme, le style poétique et raffiné, ou est-il un homme de son temps et se laisse-t-il impliquer dans les questions sociales et civiques, en allant même jusqu’à accepter de se salir les mains pour contribuer à un changement positif de la vie ? » (Milan, 2 février 2007).


Je voudrais à travers le projet de cette mise en scène de Dialogue d’un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis que ma réponse soit claire.


« Get up, stand up, don’t give up the fight ! »

Sébastien Bournac

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