theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Deux pas vers les étoiles »

Deux pas vers les étoiles

mise en scène Jérôme Wacquiez

: Le parti-pris

Dans une écriture rythmique, qualifiée de limpide et dynamique, se dégagent trois axes dans la pièce,


1. Comment exister sans le regard des autres, est-il possible d’exister sans ce regard ?


Cornélia rêve d’être belle comme sa mère et sa soeur, belle comme les filles des magazine, pour exister dans le regard de ses parents, de ses camarades de classe. Junior veut la reconnaissance, il veut exister par sa réussite personnelle et professionnelle, ne pas décevoir sa famille, être fier de ce qu’il est dans le regard des autres et par voie de conséquence, de l’image qu’il a de lui.


« Oui, mais ça rend triste. Lorsque j’entre dans la classe, j’ai l’impression d’être invisible. Personne ne me dit bonjour. Le professeur prend les présences, il m’appelle par mon nom et là, j’existe pendant quelques secondes ; je réponds « présente ». Après, je disparais à travers tous les autres.
Je n’ose pas, je suis timide, c’est plus fort que moi. Je n’ai rien de particulier. J’ai un grand frère et une petite soeur - je suis au milieu. En classe, je ne suis ni la meilleure, ni la pire - je suis dans la moyenne. Dans le rang, je ne suis ni la plus grande, ni la plus petite - je marche au centre. La maison où j’habite n’est ni belle, ni laide – il y en a beaucoup d’autres qui lui ressemblent. Mes parents ne sont ni riches ni pauvres. Je ne suis pas malheureuse, alors, je devrais être heureuse ; tu comprends, il y a rien entre les deux. Tu souris ou tu pleures. Eh bien moi, je ne suis pas trop malheureuse et pas assez heureuse. »


Comment exister, quand on est au milieu, quand on est banal, dans la moyenne ?


Le regard des autres est omniprésent dans la vie. Il peut être un poids ; il est absolument un besoin, une nécessité. Chacun d’entre nous observe et est observé. Le texte de Jean Rock Gaudreault révèle la permanence du regard de l’autre dans notre vie quotidienne. Ces deux personnages sont en quête d’existence et de reconnaissance.


Ils essayent de se construire en référence au regard de l’autre et au regard porté sur l’autre ; mais n’est ce pas aussi au fond de soi, en son for intérieur que chacun d’entre nous, que Cornélia, que Junior trouve la liberté d’être et d’exister.


2. Le dialogue amoureux


Junior a peur de s’avouer amoureux. Il a peur, car il ne sait pas ce que signifie l’amour d’une autre personne. Cornélia en l’occurrence. Il a peur aussi du regard des autres, il a peur de la rumeur. « C’est ma réputation qui est en jeu ».


Les paroles de Cornélia et Junior sont souvent à la fois cinglantes et teintées de fragilités. Ce sont d’abord des répliques d’amoureux qui n’osent pas l’être. L’un est trop surpris, l’autre trop sûre d’elle. Finalement, ils déclarent leur amour en se dévoilant intimement.


« La rumeur à propos de toi et moi, je sais qui l’a inventée.


Qui ?


Tu vas te venger ?


Non, il est trop tard.


Mais si tu avais pu, qu’est-ce que tu aurais fait ?


Je serais allé voir cette personne et... et... je l’aurais... traitée de menteur !


Ou de menteuse...


C’est une fille ?


Oui.


Je la connais ?


Un peu.


Pourquoi est-ce que tu as fait une chose pareille !


À l’école, il y a plein de rumeurs sur l’amour et elles ne parlent jamais de moi.


Tu aurais pu choisir un autre garçon !


Non.


Est-ce que la rumeur est vraie ?


Je sais pas... »


3. L’imagination créatrice


« Il faut s’enfuir pour découvrir un monde plus vaste où on ne demandera pas la permission d’être libre. »


Cornélia et Junior décident de partir dans un monde où ils se sentiront bien. Ils s’inventent un monde de rêve.


C’est un road movie. Les personnages font une boucle dans l’espace allant de la sortie de l’école, la rue de leur maison, le parc le terrain vague, jusqu’à la voie ferrée, puis ils reviennent à leur point de départ. Ce voyage se déroule en une journée et une nuit.
Cette boucle, ils la font aussi dans leur tête, allant de leur réalité qu’ils trouvent pesante jusqu’à un avenir radieux. Leur voyage intérieur n’aura pas été vain : il leur aura permis de grandir le temps d’un rêve.


Fabulation infantile ou présence d’une grande ambition ? N’est-ce pas avant tout de la force de l’imagination créatrice dont il est question ? N’est-ce pas cette puissance qui nous habite tous et nous pousse dans notre vie à chaque instant comme pour ces deux enfants Cornélia et Junior ?

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.