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Des Châteaux en Espagne

+ d'infos sur le texte de Philippe Dorin
mise en scène Sylviane Fortuny

: Présentation

" … On peut pas laisser un enfant comme ça sans texte. C’est des dialogues, la vie. Si c’est pour faire de longs discours, moi, je joue plus… "

Préhistoire


La recréation récente de Ils se marièrent et eurent beaucoup dans une version bilingue réunissant sur scène dix comédiens russes et français nous a donné une liberté dans notre travail que nous n’attendions pas. La confrontation avec une langue et une pratique du théâtre différentes de la nôtre a été un appui formidable pour une relecture de la pièce, lui donnant un éclairage tout à fait inédit. Au delà des situations proposées par le texte, c’est de la nécessité de construire quelque chose ensemble dont il était question.


C’est de cette expérience-là dont nous voulons à nouveau témoigner avec Des châteaux en Espagne, en installant la rencontre plus intrinsèquement au cœur du spectacle, en faisant de la scène le lieu d’échange privilégié entre deux langues et deux cultures différentes, celles de la France et celles de l’Espagne.


Dans un monde où domine le repli sur soi et ses propres certitudes, c’est de cet échange là dont nous voulons témoigner dans notre travail. C’est ça qui nous donne du plaisir et nous rend vivants.


Histoire


De chaque côté de la scène, deux groupes de jeunes gens s’observent. Ils ne parlent pas la même langue. Ils ne se comprennent pas.


Au centre de la scène, un homme et un petit garçon qui ne fait que le suivre et l’imiter. L’homme l’interroge. Mais l’enfant ne parle pas. Il a perdu sa langue.


L’homme tente alors d’instaurer un dialogue entre les deux groupes de jeunes gens pour que le petit garçon puisse retrouver la parole. Sont-ils capables d’abandonner leurs différences pour lui construire une histoire et inventer un monde commun dans lequel il puisse vivre ?


Comment faire du passage à découvert qu’est la scène entre le jardin et la cour un territoire qui appartient à tous, quelque soit sa langue et ses origines. Dans sa quête de redonner une parole à cet enfant, l’homme, tel Don Quichotte, s’y attelle dans son très mauvais espagnol, et l’enfant, tel Sancho Pansa, dans son silence, le suit.


Extrait


Un garçon et une fille, au jardin.


LE GARÇON : D’après toi, on est dans les gentils ou dans les méchants ?


LA FILLE : Qui ?


LE GARÇON : Nous !


LA FILLE : Où ça ?


LE GARÇON : Dans le film !


LA FILLE : Quel film ?


LE GARÇON : Le film, là !


LA FILLE : Mais c’est pas un film, là.


Un temps.


LE GARÇON : Parce que, normalement, d’un côté y a les gentils et de l’autre les méchants !


LA FILLE : Où ça ?


LE GARÇON : Dans les films !


LA FILLE : Encore !


LE GARÇON : Comme ça, on est sûr d’être dans le bon camp.


LA FILLE : Qui ?


LE GARÇON : Nous !


LA FILLE : Dans le film ?


LE GARÇON : Non ! Dans la vie !


Un temps.


LE GARÇON : Remarque ! Moi, je préférerai être dans les méchants.


LA FILLE : Dans la vie ?


LE GARÇON : Non ! Dans le film !


LA FILLE : Fais voir !


LE GARÇON : Arrrrrrrrrrrrgh !


LA FILLE : C’est sûr. Tu crèves l’écran, toi.

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