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Derniers remords avant l'oubli

+ d'infos sur le texte de Jean-Luc Lagarce
mise en scène Olivier Broda

: Note d'intention du metteur en scène

par Olivier Broda

«Un langage qui ignore l’énigme se trouve incapable de saisir le réel».
Marcel Conche

Dans cette pièce où il n’est question que de fuites (à commencer par celles du toit !) et de rendez-vous manqués, le spectateur assiste avec jubilation et émotion au naufrage d’une amitié ancienne. Ne reste alors que le souvenir désenchanté du bonheur des années soixante...

Il est question ici d’amour (comme souvent chez Lagarce), de souvenirs lessivés, d’histoires de famille et de règlements de compte. L’heure est au bilan : on revient sur ses pas, sur ses traces, on fait l’inventaire de ses sentiments et de sa vie pour essayer d’en faire le deuil et tout cela avant l’oubli, avant...la mort.

L’auteur signe ici en quelque sorte sa «Cerisaie» à lui.
Tout comme Tchekhov, il fut un spectateur avisé et un témoin impitoyable de son époque et de ses mutations.

Comme lui, Lagarce utilise une langue profuse pleine de silences et de non-dits d’où s’émane une mélancolie douce teintée de violence sourde.

Comme lui, il décortique l’âme humaine tel un chirurgien avisé utilisant le rire comme anesthésiant.

Comme lui, il est simultanément capable de nous faire rire tout en nous émouvant aux larmes.

Comme lui, il fut un météore dans le paysage théâtral...

Lagarce, en impitoyable chef d’orchestre du heurt de paroles singulières, excelle donc ici dans la peinture des vicissitudes et des fâcheries d’amants tièdes. Il nous peint avec humour et violence les vestiges d’un amour de jeunesse.

Il dresse de troublants portraits à l’encre corrosive et tendre à la fois, ceux de trois « perdants magnifiques ».
Et ce avec une maestria rare.

C’est tout ceci que nous tenterons de rendre palpable.

Nous tenterons de faire entendre sans artifice ce théâtre de l’intime
mais non moins subversif: comme dit l’auteur « accepter de se regarder soi pour regarder le monde... ».

Le travail d’acteur sera donc au cœur de la représentation.

Mais il ne faudra rien montrer, laisser la part de secret (et il y en a dans ce texte comme dans toute histoire d’amour), les zones d’ombre, laisser opérer l’écriture si belle et si particulière de Lagarce, la laisser traquer les sentiments au plus près et au plus juste, laisser les mots devenir fièvre et lumière.

Il nous faudra passer avec sincérité et justesse des mots couchés sur le papier à la parole et à la chair (et ce n’est pas une mince affaire chez cet auteur !).

Il nous faudra trouver l’adresse juste pour dire ces mots tranchants. Il nous faudra laisser deviner ce qui anime chaque protagoniste : ce besoin d’amour et de vérité impossible à rassasier.

Et puis comme toujours chez Lagarce, le lieu a son importance.
Il est le réceptacle des sentiments qui se jouent.
Ici, c’est cette maison de campagne avec ses odeurs, ses bruits et son poids affectif si particulier. Pas question ici de réalisme «à la Antoine» mais plutôt de transposition (un carré de pelouse, une balançoire...).

Aller à l’essentiel, suggérer plutôt que montrer.

Deux scénographies simples, souples et adaptables, deux rapports au public seront donc à inventer : Une version scénique à la scénographie fragmentée et un public éclaté au plus près des comédiens.

Et une version à domicile. Un appartement ou une maison.
Le lieu même de l’action théâtrale où le public serait invité au banquet des comédiens. Se faire les invités d’un soir pour partager un moment de paroles vraies, directes et sensibles…

Oser cette promiscuité avec le public et trouver la nécessité de dire ce théâtre de l’intime : un beau pari pour un théâtre qui parle à tous et qui frappe droit au cœur…

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