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De la part du ciel

+ d'infos sur le texte de Bruno Meyssat
mise en scène Bruno Meyssat

: A propos de la pièce

Descriptif des séquences de de la part du Ciel, épisode 1,
telles que transcrites a posteriori par Bruno Meyssat - extraits - :


1/
L'Homme "en pause de Foudroyé" se fait agresser par une créature en costume de laine, portant cagoule péruvienne. Celui-ci le renverse et le dévêt complètement. Eparpille les habits et chaussures.
Il va prendre une à une des faucilles posées en équillibre sur le fil de fer rouillé qui relie en oblique l'avant plan au lointain.
Là-bas, "La femme au tablier" est immobile, tête inclinée et tempe sur le fil, vie ôtée, surprise. Dans son dos un brancard debout. Elle est juchée sur un rondin de bois.
L'Homme nu au sol bouge. L'Homme de laine (Le Yéti) vient lui jeter un drap dessus et, après avoir rassemblé quatre grandes faucilles, retourne sur le lieu de la première agression, trie les vêtements comme un collectionneur avide et averti. Il écarte chemise et pantalon, confisque caleçon, polo, blouse qu'il engouffre dans le ventre de son costume. Rondouillard de ça, il entreprend sa remontée vers la femme au lointain, va l'embrasser longuement et avec affection. La femme foudroyée du fond ne cille point. Il disparaît derrière une caisse posée debout. L'Homme agressé se relève, abasourdi, et se retire derrière un paravent à jardin qui s'allume. Ce réduit devient une coulisse où il s'habille.


2/
Quand le "Yéti" quitte cette femme, il va derrière une haute caisse en bois debout dont il ouvre des portellettes comme on le ferait d'un monument - grand retable de campagne portatif. Réapparaît alors l'Homme nu, vêtu de nouveaux atours. Un garçon de ferme ? Appelons-le "Le Revenant".
Il porte un miroir où deux grands yeux sont dessinés avec du rouge à lèvres. Grâce à la lumière d'un projecteur qu'il capte (savoir-faire?), il projette ces deux yeux comme les yeux Djouat égyptiens des sarcophages sur le grand retable. Par ce reflet, il éclaire aussi la femme toujours interte, puis "allume" la fenêtre où sont fichées trois autres "méchantes" faucilles qui ont pénétré dans "la maison" en brisant le carreau.
Spectacle d'un intérieur violé par une force, meutri par une entité désormais absentée. Notre Homme regarde son image dans le miroir. Il s'éclaire donc.
Autoportrait "de Grande Nuit".
(…)


6/
L'"Homme Foudre" ramasse les vêtements pliés qui initialement furent les siens quand il représentait l'Homme Foudroyé, s'en fait un petit coussin et se met à genoux au centre du plateau. Il se cache la moitié du visage d'une main.
"La Tremblée" lit vers le public et à voix haute, telle une speakerine. C'est un ton "Tout l'Univers". Il s'agit des commentaires de Flammarion rédigés en 1905 au sujet de la foudre et de ses victimes. Dans les exemples précédents, les morts foudroyés ne sont pas défigurés par l'action de la force fulgurante. Ils conservent une trompeuse apparence de vie. La catastrophe est si soudaine que le visage n'a pas le temps de prendre une expression douloureuse. Aucune contraction des muscles ne révèle une transition dans le passage de la vie à la mort.
(…)
tourne page :
Il semble que la foudre soit un être subtil qui tienne le milieu entre la force inconsciente qui vit dans les plantes et la force consciente qui vit dans les animaux.
tourne page :
Nous citerons plus bas le cas du Docteur Gaultier de Claubry, atteint un jour, près de Blois, par la foudre globulaire. Il eut la barbe rasée et détruite pour toujours. Une singulière maladie le mit à deux doigts de la mort : sa tête à enflé au point d'atteindre un mètre et demi de circonférence!


7/
Elle tourne la page, l'"Homme au jardin" l'interrompt et lit à son tour. L'Homme au centre" se couvre maintenant avec sa deuxième main la totalité du visage.
Dans ces incroyables histoires de doubles, que des négateurs de mauvaise foi peuvent seuls récuser, j'avoue tout de suite que ce qui m'a paru le plus embarrassant, comme dans les histoires de revenants, ce sont les vêtements. Ni les vivants ni les morts ne se montrent tous nus. Qu'est-ce qui s'y oppose ? Qui est-ce qui les habille ? La décence ? (…)
On dira que c'est pour se faire reconnaître. Mais le visage ne suffit-il pas ?
Il a fini. Les deux dernières lignes, il les a prononcées en regardant le public…
(…)


Bruno Meyssat. juillet 2003

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