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Dans la solitude des champs de coton

mise en scène Jean-Pierre Brière

: La Pièce

Ça commencerait comme au plus profond d’un songe, puissamment présent et étrangement lointain, une sensation dépaysante de paysage orphelin. Un endroit connu qui se dérobe à la reconnaissance, par trop de nuit ou pas assez, où trainent ça et là carcasses d’hommes et d’animaux déambulant sans hostilité. Un lieu laissé pour solde de tout compte, où virevoltent en nuées grotesques paperasses et archives, … « au milieu de tout ce dont on n’a pas voulu là-haut, au milieu d’un tas de souvenirs pourrissants… », et dont le ciel serait absent.


Un homme noir est là, qui ne dit rien autre que sa négritude, une femme maigre peut être aussi, qui ne dit rien autre que sa maigreur.


On pourrait penser un moment être entre les pages incandescentes d’un roman de Faulkner, à un autre se dire tiens je suis au coeur des ténèbres et c’est Conrad qui jette en vrac ses brouillons par les fenêtres. On finit par deviner d’autres silhouettes, une, puis deux, homme ou animal qui sait, fouillant le sol, tête en terre, groin peut-être. Massif. Ca prendra la parole, une parole, la leur sans doute, pour ne plus la lâcher. Parleront jusqu’à plus soif de désir, de commerce, de ruisseau d’étable, de petites fiancées, de pantalons et de vestes qui tombent en pluie d’automne.


Et ça commencerait là : un homme en rencontre un autre. Bon. Le premier parle et arrête le second qui n’en revient pas. Ca crée un lieu, ça crée un temps. Ca crée une transaction. Et parce qu’il y a transaction il y aura des transacteurs et ces transacteurs joueront la transaction. C’est simple.


Dans « Dans la solitude des champs de coton », un homme dit à un autre que s’il est maintenant, précisément là, à cette heure et en ce lieu, c’est qu’il désire quelque chose qu’il n’a pas et que cette chose, lui, il peut la lui fournir. Il ne se nomme pas, ne nomme pas le lieu, ne nomme pas le désir ni l’objet du désir. Il ne nomme pas celui à qui il s’adresse, ne dit rien de lui-même. Si ce n’est qu’il se place dans un temps où l’ordinaire est à la sauvagerie.

Jean Pierre Brière

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