Mon travail avec le Théâtre du Point du Jour m’a conduit à participer à la création des Molière de Vitez en 2013. Il s’agissait  de monter, en tirant les rôles au sort, quatre pièces de Molière (L’école des femmes, Tartuffe, Dom Juan et le Misanthrope) avec une même troupe de jeunes acteurs sortant du Conservatoire de Lyon. Créés à Lyon, ces Molière de Vitez ont tourné ensuite dans toute la France. En 2017, Gwenaël Morin m’a confié une mission de transmission : re-monter Dom Juan avec une nouvelle promotion du Conservatoire de Lyon et avec la troupe du CDN de Tours, là encore en tirant les rôles au sort préalablement.  Depuis 5 ans, cette pièce me « travaille », elle me fascine et me passionne. Je la connais par cœur, intimement, à force de l’avoir vue et entendue, plus de 300 fois... et pourtant elle reste énigmatique ;  elle résiste à toutes les interprétations. Peut-être parce qu’elle occupe une place à part dans l’œuvre de Molière : c’est sa 17ème pièce et il y en aura encore 17 après ! Une pièce folle, foisonnante, alternant des moments de comédie pure avec des fulgurances tragiques. Une pièce protéiforme dans laquelle Molière s’affranchit des règles mais où il doit aussi impérativement renouer avec le succès : les caisses sont vides après l’interdiction de Tartuffe ! Une pièce sur le désordre, sur le déséquilibre, sur les limites. Une pièce en mouvement : un « road movie » désespéré et joyeux ! Mais c’est aussi une pièce de combat dans laquelle Molière en profite pour régler ses comptes avec ses détracteurs, avec tous les censeurs et les imposteurs de son époque.