Chaque jour, Nell, Colin et Hippolyte frôlent la mort.
Ils s’aiment, se déchirent, se rabibochent, presque meurent, re-vivent et se re-aiment.
Acteurs vedettes de la série télé française Dose de toi, ayant pour paysage le milieu hospitalier, ils incarnent des personnages qui ont leur mort et celle des autres au bout des doigts, et qui chaque fois trouvent secours au dernier instant, juste avant la pause pub.

Pour la prochaine saison, les producteurs en mal d’audimat ont une idée diablesse, celle d’intégrer à la série une intrigue de zombies. Un zombie. Un vrai.
Ce projet ose aborder dans la drôlerie la question de l’inquiétante étrangeté. De l’altérité dans ce qu’elle a d’horrifiant et de séduisant.
Les personnages de la pièce vivent dans la France de 2014, avec ses frontières et ses lois. Ils ont des soucis d’argent, des soucis de logement, des soucis avec les réseaux sociaux, des soucis avec leurs idéaux, des problèmes avec la politique de maintenant, l’oeil centré sur leur pomme et leur petite personne au milieu du grand gouffre mondialisé.
Quelqu’un qui ne vit pas comme eux, quelqu’un qui ne pense pas comme eux survient, et c’est déjà l’engrenage d’une bousculade. Le réveil d’une mortelle pulsion. L’irruption de Chose agit comme un révélateur. Il dérange, il gratte à la porte, il ne dit rien mais il existe, il n’arrête pas d’exister, et comme c’est horrible qu’il soit là si près. On ne l’avait pas vu venir et c’est déjà trop tard. Il y est.Pourtant, on s’y fait. On le tolère. On fait comme si. On lui donne une place, la sienne. Et lui donner une place, c’est déjà reconnaître qu’il a des droits, c’est le dédiaboliser un brin, c’est le trouver tout à coup étrangement fréquentable. Jusqu’à ce que tout se délite.

Marc-Antoine Cyr