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Cyrano

+ d'infos sur le texte de Edmond Rostand

: Note d’intention

Pourquoi Cyrano ? Parce que donner cette pièce, c’est toujours donner une fête populaire au véritable sens du terme, fête qui rassemble les gens les plus différents pour un festin de mots, d’intelligence, d’énergie vitale, de dépense improductive. Parce que ce texte est une expérience de jubilation pure, tant pour l’acteur que pour le spectateur – et que cette jubilation propre au théâtre est un premier pas vers l’action.


Parce que la figure même de Cyrano nous inspire la liberté, l’insolence, l’insoumission, le désir d’insurrection pour un monde meilleur, le refus des compromissions, des paresses intellectuelles et des résignations – toutes choses dont notre société oublie petit à petit qu’elles sont possibles.
Parce que Cyrano est une grande pièce de troupe. Après une liste de quarante-cinq personnages, on peut lire sur la page de garde : « La foule, bourgeois, marquis, mousquetaires, tire-laine, pâtissiers, poètes, cadets, gascons, comédiens, violons, pages, enfants, soldats espagnols, spectateurs, spectatrices, précieuses, comédiennes, bourgeoises, religieuses, etc. » La profusion essentielle de la pièce commence là. Elle dit quelque chose du théâtre que nous voulons faire.


Parce que j’ai rencontré Eddie Chignara. C’est un acteur-monde, un ogre de théâtre, un travailleur acharné, un rythmicien génial, doué de cette générosité essentielle qui le fait toujours dépasser l’horizon d’attente des spectateurs. Il est pour moi une incarnation du théâtre populaire, par son exigence, par sa joie communicative, par le caractère héroïque de l’énergie qu’il offre, et surtout par une certaine manière de faire confiance à l’intelligence du spectateur. Depuis qu’ils l’ont vu jouer Shakespeare, Feydeau, Schwartz ou Sophocle, ses contemporains le savent capable de grandes choses, et attendent avec impatience sa révélation – ce qui est exactement le cas de Cyrano au début de l’acte I…
Parce que je crois qu’il est possible de donner de la pièce une lecture politique radicale, profonde, sans concessions. Si Cyrano n’est qu’un conte pittoresque, folklorique, brillant et national, oublions-le. En revanche, nous pouvons rendre palpables pour le spectateur d’aujourd’hui l’héroïsme de Cyrano et la mélancolie de Rostand – l’héroïsme de Rostand et la mélancolie de Cyrano. Nous pouvons défendre grâce à Cyrano de grandes idées de théâtre : la nécessité de porter un masque pour dire la vérité, la valeur inestimable des mots comme musique et comme offrande, le désir de retrouver le paradis perdu, la vertu de la désobéissance. Je rêve la mise en scène de Cyrano comme l’occasion de rendre Rostand à cet idéalisme essentiel qui dépasse de très loin les satisfactions poétiques, rhétoriques et militaires. Grâce à lui, aujourd’hui, nous pouvons défaire et détruire un malentendu majeur : le théâtre n’est pas un artifice – c’est le dernier refuge de la réalité.

Lazare Herson-Macarel

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