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Cri et Ga cherchent la paix

+ d'infos sur le texte de Philippe Minyana
mise en scène Frédéric Maragnani

: Entretien avec Philippe Minyana et Frédéric Maragnani

Propos recueillis par Pierre Notte

Philippe Minyana : Cri et Ga, précisément, sont les diminutifs de Christophe Huysman et de Gaëtan Vourc’h. La pièce m’a été commandée par Christophe pour sa compagnie Les Hommes penchés. Il m’a demandé d’écrire pour lui, acteur, et pour Gaëtan. Les noms Cri et Ga sont des clins d’oeil, des hommages fraternels à ces deux acteurs pour qui j’ai écrit la pièce.


Frédéric Maragnani : Christophe est un écrivain qui veut de plus en plus revenir au métier d’acteur, voire de danseur. Il danse avec la chorégraphe Julie Nioche depuis le festival d’Avignon 2011. Par ailleurs, Christophe a joué trois textes de Philippe, et Gaëtan cinq ! Ils sont familiers de cette écriture, ils sont des voix intimes pour Philippe.


Philippe Minyana : Ils m’inspirent ! Cri et Ga cherchent la paix est une pièce que j’ai composée en hiver, avec du feu dans la cheminée. C’est une écriture heureuse, joyeuse. Je suis allé piocher dans la grande casserole des thèmes universels, et j’ai choisi les thématiques de la péripétie et de la fraternité. Cri et Ga sont deux amis, deux sortes de frères en quête d’un lieu d’apaisement. Ils cherchent la réconciliation et la paix. Je voulais me saisir ainsi de la petite communauté familiale, depuis l’une de ses premières cellules : la fraternité. Travailler avec Christophe Huysman, Gaëtan Vourc’h et Frédéric Maragnani à la mise en scène, c’est aussi une belle histoire de famille.


Frédéric Maragnani : Nous travaillons ensemble depuis 1993. J’étais moi-même élève au conservatoire de Bordeaux. J’ai joué pour la première fois sous la direction de Philippe dans Drames brefs 1. Le stage était animé par Robert Cantarella. Mais par la suite, je n’ai plus jamais été acteur, parce que j’étais déjà saisi par le besoin impérieux de faire de la mise en scène. Cela s’est imposé à moi.


Philippe Minyana : C’est un magnifique hasard. Je dirigeais le stage en 1993, à Bordeaux. L’année suivante, avec Robert Cantarella et Jacques Rosner, on nous proposait de mener à Toulouse d’autres ateliers avec des « comédiens stagiaires ». Parmi eux, je retrouvais Frédéric, qui devenait mon assistant sur la mise en scène de Drames brefs 2… Une vraie petite famille artistique s’est constituée, et qui s’empare aujourd’hui d’une épopée intime, d’une autre famille en quête d’apaisements.


Frédéric Maragnani : Cri et Ga cherchent la paix est une fable de la fraternité. J’ai co-mis en scène avec Philippe Le Couloir, où la famille faisait intrusion dans un monde clos, elle revenait à l’intérieur. J’ai mis en scène en 2011 au Théâtre de la Ville Sous les arbres, où il est question de l’amour de deux adolescents qui traversent le monde. Là, il est question de deux hommes, au milieu de leur vie, qui sont à la recherche des lieux possibles de la famille. Ils vont vers l’extérieur. Ils optent pour les retrouvailles, la réconciliation…


Philippe Minyana : C’est la maturité qui motive cet élan nouveau ! Je quitte les inquiétudes, les angoisses de la famille repliée sur elle-même. L’écriture est plus ouverte, plus ludique...


Frédéric Maragnani : Je souhaite exploiter le plateau comme espace de liberté. Un lieu, une grotte théâtrale, très colorée, éclairée, où l’on peut apparaître, disparaître, prendre des voix, produire des effets et des illusions. Cri et Ga cherchent la paix est une pièce magique. C’est l’endroit d’un duo de prestidigitateurs libres. La pièce est écrite pour ça, elle contient tous les éléments de la fable fantastique : un chat crucifié, une vache morte, une source magique… Les deux comédiens seront donc rejoints par Marion Camy-Palou, assistante, actrice et accompagnatrice de scène. Je voudrais créer des numéros de music-hall pour raconter cette épopée intime. Comme la « Varietà » italienne, qui n’est pas exactement le cabaret. La pièce compte dix stations : elles sont autant de petits théâtres traversés par une trentaine de figures… Je veux inventer une procédure d’apparitions, un laboratoire de bric et de broc avec trouvailles et astuces. La clownerie de Cri et Ga cherchent la paix naîtra de tout ce qui se fait à vue, avec ses réussites, ses perfections et ses ratages… Ce qui compte évidemment, c’est une certaine façon d’être là. On va faire croire au public, pendant un peu plus d’une heure, à l’épopée joyeuse de la fraternité de deux figures aidées d’une troisième qui saura organiser les cauchemars et le merveilleux.


Philippe Minyana : Il s’agit de voir et de comprendre le monde, tout donner à voir du monde, depuis une traversée des territoires. On est à la fois dans la forêt, puis au salon, dans le restaurant, dans les prairies, dans des villages muets… Il y a là tous les ingrédients de la fable pour raconter le monde. Ce sera protéiforme, et toutes les ficelles seront tirées à vue. Il n’y aura aucun souci de virtuosité, mais un monde qui appartient encore à l’enfance. Les personnages de Cri et Ga cherchent la paix vont au musée, regarder de près les peintures d’Ucello, pour trouver dans les représentations simples et naïves du monde un véritable apaisement. Ils trouveront aussi la paix lors de leur rencontre avec une vieille dame qui meurt joyeusement. Sereinement. C’est une pièce joyeuse, à l’écriture joyeuse.

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