L’écriture crue, tranchante, cruelle de Saviana Stănescu prend sa source dans l’humour noir des Balkans. Elle utilise l’absurde pour détourner le réel, répond par le grotesque à la dureté d’une société obtuse et brutale et nous provoque en s’amusant à rendre l’horreur banale et ordinaire.

La pièce est très ancrée dans l’histoire de la Roumanie (traditions, imaginaire, contexte historique), aussi Valérie Antonijevich a choisi de la traiter comme un conte.

Car au-delà de cet aspect local, la pièce aborde un thème universel, comme les tableaux de Schiele, elle est la métaphore de la lutte perpétuelle entre Éros et Thanatos, cet affrontement siégeant ici dans le corps d’une jeune fille.

C’est à ce déchirement que le spectateur assiste, à cette lutte obstinée du personnage pour se maintenir du côté de la vie alors que la famille, l’éducation, la société, le couple l’oppriment et l’entraînent de force vers une mort clinique faite de renoncement, de résignation, de soumission.

Si Compte à rebours n’apporte aucune consolation, la pièce creusée dans une veine dadaïste, interpelle le désir humain à inventer un monde tourné vers la vie et non vers la mort.

Valérie Antonijevich