« On rencontre parfois des lieux qui sont des sortes de métaphores, de la vie ou d’un aspect de la vie, ou de quelque chose qui me paraît grave et évident, comme chez Conrad par exemple les rivières qui remontent dans la jungle… » B.M Koltès

Désir « Combats de nègre et de chiens » est une pièce nécessaire car en dehors de son coté politique, elle est aussi le fruit de sensations vécues par l’auteur en un endroit du monde ; et si les personnages manient des idées, c’est toujours pour atteindre quelque chose d’autre, quelque chose de caché, sans doute illicite puisqu’on ne peut le nommer ; et par là même, on voit transparaître les mécanismes de la violence. « L’invisible rendu visible » comme dit Peter Brook.

Le chantier Koltès Durant le mois d’août 2000, étant S.T.F (sans théâtre fixe), nous avons confronté le texte « Combats… » à des lieux souvent inadaptés à une représentation théâtrale dite classique, cherchant ceux qui sont une « métaphore de la vie ou d’un aspect de la vie… »  Et répondant à une envie d’Afrique.Convaincus de la nécessité de faire un théâtre de proximité et faute d’un espace couvert, nous avons choisi des lieux ouverts faisant écho à notre recherche. Nous nous sommes mis dans des lieux de passage, des lieux publics, chacun suggérant une approche du texte différente : un bar, l’intimité ; une cour où le temps qui se disloque ; la nature pour les silences qu’elle impose ; une usine délimitant des endroits réservés, un chantier avec des mots pour tout construire. Et pour finir, un circuit, une terre aride cernée de pneus comme pour retenir quelque chose qui voudrait déborder.     Et la magie opère. Les gens s’arrêtent d’abord surpris puis complices d’une histoire qui échappe à ceux qui continuent leur route, recréant ainsi le théâtre non par le lieu mais par la connivence d’inconnus autour d’un texte rendu vivant.

La résidence au3 bis f**, Aix-en-Provence.** Après avoir usé de la fragilité d’un travail en cours, pour montrer notre détermination à faire notre métier et faire partager l’utopie d’un monde qui se recrée chaque jour, visible aux yeux de tous, nous voulions un endroit avec des moyens pour organiser les différents matériaux acquis lors du « Chantier Koltès » et pour présenter ce texte dans son intégralité et à la mesure de nos ambitions. C’est lors de la résidence au 3 Bis F en avril 2002 que le spectacle a été créé sous la forme actuelle, qui est une forme adaptée au lieu  « théâtre ».Maintenant « Combat de nègre et de chiens » existe sous deux formes : l’une en extérieur, ouverts au quatre vents, témoignage de notre désir d’un théâtre citoyen accessible et visible par tous et dans cet outil parfait qu’est un théâtre, une machine où l’illusion fait naître la réalité.