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Combat de nègre et de chiens

mise en scène Serge Irlinger

: Présentation

L’auteur, Bernard-Marie Koltès (1948-1989)


Son œuvre fulgurante (quatorze pièce et deux récits) connaît la gloire aussi bien en France qu’à l’étranger. Elle est traduite dans une trentaine de langues et son théâtre joué dans plus de cinquante pays. En France, elle est publiée intégralement aux éditions de Minuit. Parmi ces pièces les plus connues, La nuit juste avant les forêts, Quai Ouest, Dans la solitude des champs de coton, Le retour au désert, Roberto Zucco.


L’intrigue


Une intrigue extrêmement simple au service d’une écriture limpide, métaphorique. Le contremaître Cal a tué dans un accès de colère un de ses ouvriers noirs sur un chantier de travaux publics en Afrique de l’Ouest. Dépêché par le village, Alboury vient demander à Horn, le chef de chantier, que l’on rende le corps à la famille. Mais le corps est introuvable : Cal l’a plongé dans les égouts. Léone, petite bonne de Pigalle, arrive sur le chantier pour épouser Horn, qu’elle a brièvement rencontré à Paris. Fascinée par sa découverte de l’Afrique, elle tombe éperdument amoureuse d’Alboury. Cal, qui veut se débarrasser d’Alboury, finira assassiné par les gardes, présences invisibles mais dont les appels mystérieux rythment toute l’action de la pièce.


Entre classicisme et modernité


L’auteur avait voulu contraindre son écriture à des règles strictes(unité de lieu, de temps et d’action) calquées sur celles de la tragédie classique. Comme dans la pièce Roberto Zucco, le fait divers est l’un des points de départ de la pièce ; mais l’auteur part également de son propre vécu :au cours d’un voyage au Nigeria en 1978, il avait été choqué par les tensions raciales entre les Blancs et les Noirs. De cette incompréhension mutuelle, est née la nécessité de l’écriture de Combat de nègre et de chiens. Si l’Afrique est partout présente dans la pièce (bruits, végétation, chaleur), elle n’en est pas le sujet principal. Le ou les sujets sont universels.


Une métaphore de notre monde


Une société où l’argent tient une place prépondérante dans les relations humaines. C’est une arme pour acheter l’Autre et le compromettre. Ainsi, Horn propose de l’argent à Alboury pour qu’il abandonne la quête du cadavre de son frère, disparu ; il est prêt à céder sa fortune à Léone pour qu’elle accepte de l’épouser. Tandis que certains luttent pour garder leur intégrité (Alboury refuse le marché d’Horn, Léone d’être « une petite compagnie, un petit caprice« ), d’autres comme Cal sont devenus des esclaves sacrifiant leur talent et leur jeunesse sur l’autel de l’argent (« l’argent nous prend tout, même le souvenir de notre âge.« ). Une société où le conflit racial est partout présent. Si Cal éprouve une haine profonde pour la couleur noire, les deux autres Blancs ressentent de l’incompréhension, une déstabilisation face au Noir. C’est autour de ce choc des cultures (valeurs occidentales « modernes » contre valeurs traditionnelles « archaïques« ) que s’articule l’essentiel du drame. Une société où la violence s’insinue au cœur de notre intimité. Dans une pièce où le conflit s’apparente à celui de la tragédie d’Antigone, l’auteur n’a pas oublié de peindre la tragédie de l’intime. La pièce est écrite comme un huis clos où chaque personnage se trouve confronté à ses propres frustrations : ambitions déçues, solitude, manque d’amour. Ainsi, à l’intérieur du campement se nouent de petits drames « bourgeois » entre les Blancs (séduction, aveux, scènes d’amour ou de jalousie), dérisoires au regard de la Tragédie.

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