Je connaissais les textes de L. Gaudé. J'ai toujours apprécié la force des mots, le rythme des phrases et la puissance de la narration.
Lorsque j'ai lu la nouvelle Colonel Barbaque contenue dans son dernier roman, il était évident que je devais montrer ce texte, que je devais monter ce spectacle. Je venais de voir une adaptation théâtrale de Stéphanie Loïk de l'oeuvre de A. Kourouma : Monnè. (L'histoire d'un Roi africain qui renonce à détruire sa ville à l'arrivée des colons, se croyant protégé par Allah. A force de compromis, compromissions, il se fera complice des colons jusqu'à son réveil ... tardif). Hassane Kassi Kouyaté en était l'interprète principal. Nous avons beaucoup échangé sur les méfaits de la colonisation, sur les corruptions.
En lisant Barbaque, j'ai vu non pas une réponse à l'histoire de Kourouma mais une sorte de mise en perspective des propos de l'auteur ivoirien.
De plus, cette rencontre littéraire et venue faire résonner en moi, les nombreuses questions que je posais en allant régulièrement travailler au Burkina Faso. La place du blanc après cet énorme gâchis qu'ont été les colonies.
Ici, dans la nouvelle, Ripoll, vient en Afrique, par culpabilité, par besoin personnel. Par besoin de tuer parce que tuer c'est tout ce qui lui restait de l'homme Ripoll. Il prend le commandement d'une insurrection noir. Par culpabilité ? Par révolte personnelle ? Par besoin ? Il le fait pour lui, le faisant pour eux.
Ceci est une histoire mais nos venues en Afrique, nos dons, nos implications de quels ordres sont-ils ?
La nécessité de monter ce spectacle s'est faite encore plus prégnante et j'ai demandé à Hassane Kassi Kouyaté griot comédien, burkinabé et zèbre de m'accompagner dans ce travail.
Hassane est un ami et un guide dans mes tentatives de rencontre avec ce continent noir, inconnu à force d'en entendre parler, de le plaindre et de l'aider.
Colonel Barbaque est aussi et surtout, pour moi comédien-conteur un formidable texte, une magnifique histoire à raconter, à jouer, à partager avec le plus grand nombre.

Pierre Rosat