L’art comme alibi…

Dès l’accession de Hitler au pouvoir, le régime nazi s’organise pour se valoriser à travers l’art. Strauss est ainsi nommé à la tête de la Chambre de musique du Reich. Peu averti, préoccupé essentiellement par la création artistique, Strauss n'a jamais manifesté d’intérêt pour la politique et ne veut pas croire au pire. Bien que beau-père d’une juive et ami de Zweig, il s’imagine intouchable et croit se servir des nazis, alors que ceux-ci entendent l’utiliser...
De nature tourmentée, Stefan Zweig a, lui, très tôt conscience du danger que représente la dictature hitlérienne…
Avec cet épisode marquant dans la vie de ces grands artistes, la pièce brosse le portrait de deux hommes pris dans le drame d’une époque, alors qu’ils ne rêvent que d’une œuvre d’art au service de l’humanité.

Un dilemme de toute éternité

Au-delà du contexte historique, cette pièce prend une valeur universelle, car le rapport de l’art à la politique est problématique dans tous les cas de dictature.
A travers la personnalité et le parcours de deux êtres d’exception, Harwood pose la question d’une morale et de la responsabilité de l’artiste, en particulier de celui dont la célébrité a un impact sur une population. L’art est-il au-dessus de la politique ? Peut-on accepter des compromissions pour que l’art puisse perdurer ? C’est un thème qu’il avait traité dans à Torts et à raisons à propos du chef d’orchestre Furtwängler mais, avec Collaboration, il le rend plus complexe en y introduisant la notion de l’amitié, de sorte que la question philosophique se concrétise dans le quotidien et dans un contexte émotionnel. Sans jugement ni théorie, il expose une situation dramatiquement humaine.

Talents pour talents…

Pour ces deux hommes complexes et hors du commun, il fallait deux comédiens de grande envergure : Michel Aumont et Didier Sandre sont de ceux-là.