Comme un voyage au coeur d’un mythe américain, celui des années Kennedy, ces années 60 qui ont été celles de l’espoir d’un bouleversement apporté par la jeunesse avant de devenir celles de la déception et du retour aux valeurs conservatrices.

C’est l’impressionnant roman-feuilleton que James Ellroy a consacré à la prise du pouvoir par le clan Kennedy qui a servi à construire l’adaptation théâtrale de cette épopée tragique. Après avoir traversé, dans le premier épisode, les dédales plus ou moins vertueux de l’accession au pouvoir de John Kennedy, la deuxième partie met en scène la pratique du pouvoir qui va mener à l’assassinat du président. Deux personnages de fiction servent de fil rouge à ce polar politicoromanesque qui met aussi en scène des personnages dont l’Histoire a retenu les noms, comme Jimmy Hoffa, le dirigeant du surpuissant syndicat des Camionneurs ou Edgar J. Hoover, le maître absolu du FBI et des coups tordus qui vont parsemer ces années intenses où se développent, tout ensemble, la guerre du Vietnam et la lutte des Noirs pour l’égalité des droits, le mouvement hippie et le pouvoir des médias, la lutte contre la Mafia et la toute-puissance de l’argent.

Ce récit est celui de la paranoïa qui s’empare de l’Etat fédéral américain, au fil des oppositions au pouvoir des Kennedy, des complots qui, selon Ellroy, ont réussi à abattre le mythique président. C’est à la fabrication d’un mythe et à sa destruction que l’on assiste dans ce travail choral mené par les jeunes comédiens du conservatoire de Bobigny.