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Christina, The Girl King

mise en scène Sandra Amodio

: Présentation

À la lecture de la pièce de Michel Marc Bouchard, je me suis laissé surprendre par la découverte du Roi Christina. Je ne connaissais pas cette figure historique ; femme excentrique, anticonformiste, moderne avant l’heure.


Personne haute en couleurs, elle est le pivot d’une réflexion contemporaine autour de laquelle tourne l’intrigue ; et je reprends les mots ici de l’auteur : Faut-il choisir nos intérêts personnels ou honorer nos responsabilités envers notre collectivité ? Est-ce le début de la mise en échec de l’individualisme qui pourrait donner naissance à une époque nouvelle ?


Cette question de la place dans notre société m’intéresse par le fait que dans ma pratique de coach en prise de parole, je suis amenée à accompagner des personnes - et souvent des femmes - en burnout. Le premier élément récurrent est la place donnée à la personne ou plutôt, l’absence de place. C’est pourquoi poser la problématique du sujet en quête de vérité en opposition à l’objet de reproduction, me semble pertinent aujourd’hui.


Autrement dit, le personnage de Christine renvoie à un malaise profond de notre époque à deux points de vue: le premier étant la non-reconnaissance des compétences de la femme dans notre société et le deuxième au risque de l’anachronisme, il faut reporter l’expérience du monarque absolu pesant sur les épaules de Christina comme une représentation du pouvoir démocratique reposant désormais sur les épaules des « Citoyens-Roi », tâche trop lourde et écrasante pour certains, liée peut-être à leur pauvreté, à leur orgueil, à leur incapacité d’aimer et à l’impossible éducation de leurs désirs. De ces conditions étriquées surgissent des collisions.


Des collisions telles que les sens contre la conscience, le désir amoureux contre la raison d’État, la loyauté contre la culpabilité d’abandonner. De part son nom, le roi Christina véhicule déjà la collision entre masculin et féminin. Ces collisions l’entraînent vers la désillusion de faire de la Suède un royaume idéal où brilleraient les lettres, les arts, les sciences et non la guerre, la brutalité et la grossièreté. Finalement, le principe de réalité entre en collision avec ses aspirations platoniciennes et cette même collision décide de son abdication. Aujourd’hui un nombre croissant d’individus « abandonnent » par choix, changent de vie et reprennent le pouvoir d’eux-mêmes. D’autres, au contraire, sont contraints d’abdiquer, terrassés par l’épuisement professionnel, brûlés de l’intérieur, et j’oserais même dire, consumés sur le bûcher de la société de la performance. Suivons notre intuition, soyons ou redevenons sujets afin de vivre nos aspirations et participer à l’intelligence collective pour un monde meilleur.


Et que ce moment de théâtre soit, je le souhaite, pleinement vécu par le public comme une possible réconciliation surtout avec soi-même, hommes et femmes confondus.

Sandra Amodio - metteure en scène

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