En 2011, Jean Teulé signe un ouvrage audacieux sur la vie de Charles IX, roi de France, dont la très courte existence a suscité une indifférence palpable, du point de vue du grand public, mais dont l’intérêt romanesque paraît évident : à seulement 22 ans, le jeune roi est toujours sous l’influence de sa mère, la très autoritaire Catherine de Médicis, qui règne alors sur toute la cour, et ordonne en son nom le massacre de la Saint-Barthélemy. Faute d’avoir réellement mesuré la portée d’un tel geste, il deviendra presque aussitôt fou et cette royale démence ne fera qu’empirer au fil des mois. Ironie du sort, il mourra moins de deux ans plus tard, d’une maladie rare qui l’amènera à transpirer son propre sang (qu’il assimilera au sang des protestants qu’il a lui-même fait tuer). C’est cette brève période de vie au plus fort du pouvoir et d’une densité rare que Jean Teulé a décrit avec une efficacité narrative et une précision historique hors pair. Par ailleurs, le succès de ce roman est dû au style spécifique à l’auteur qui mêle une prose résolument moderne et jubilatoire à la langue de l’époque et au décorum du 16e siècle.

L’adaptation pour le théâtre proposée à Metz par Paul-Émile Fourny est fidèle au roman d’origine et se construit entièrement autour de la figure royale pour en interroger la personnalité dans les moindres détails. Bien qu’elle donne une visibilité précise quant au contexte historique, la pièce entend surtout donner à voir cette figure incroyable de l’Histoire de France, sa folie, son aspiration démesurée à la vie et sa passion sexuelle pour Marie Touchet, sa maîtresse, son attirance pulsionnelle et fascinante pour la mort, son incapacité à régner sur le pays, son rapport très complexe à sa mère, Catherine de Médicis, à son frère, Henri duc d’Anjou, qui lui succèdera, sa relation d’amitié profonde avec Ambroise Paré, le très célèbre chirurgien, etc. La création proposée s’inspire directement du roman et de sa structure rythmique. Un long prologue raconte très précisément cette nuit où le jeune roi prend la décision de faire exécuter tous les protestants, sans exception. S’en suit une série de 20 scènes courtes qui ponctuent la lente descente aux enfers du roi, sa folie tantôt effroyable, parfois grotesque. Enfin, la pièce s’achève sur l’autopsie (historique, là encore) du corps du roi par son ami et chirurgien - dissection qui s’achèvera dans un esprit de formidable fête morbide tout à l’image de la vie du roi Charles IX. Cette pièce relatant le destin tragique du jeune roi est assurément l’un des temps forts de la saison de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole !