: Note d'intention
La dernière mémoire des camps est la mémoire juive, pour la simple raison qu'il y eut des enfants déportés
Jorge Semprùn, extrait Une tombe au creux des nuages
Le 19 avril 2013 aura lieu le soixante-dixième anniversaire de l'insurrection du Ghetto de Varsovie après laquelle celui-ci fut détruit.
Il reste aujourd'hui en France à peine une dizaine de personnes ayant vécu dans le Ghetto de Varsovie. Paul Felenbok fait partie de ces survivants, il avait sept ans en avril 1943. Ses parents furent emmenés, déportés et assassinés peu de temps après, lors d'un des nombreux changements de caches auxquels étaient alors forcés les Juifs de Pologne. Lui en réchappa, et après un séjour dans un foyer d'enfant à Lodz, fut envoyé par son frère aîné en France, où il grandit dans les maisons d'enfant de L'Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide, avant de bâtir une famille et d'embrasser une carrière scientifique à laquelle rien ne le prédestinait.
Paul Felenbok a aujourd'hui 76 ans, il vit à Clamart avec sa femme Betty. Il a deux filles et cinq petits enfants. Il est astrophysicien à la retraite.
Le trajet de sa cousine, Wlodka Blit-Robertson, commence lui aussi dans le ghetto
de Varsovie.
Elle parvint à s'en échapper, quelque temps avant le soulèvement, avec sa soeur
jumelle Nelly, en escaladant le mur d'enceinte à l'aide d'une échelle. Elle avait douze
ans. Son père, lié au Bund, l'organisation socialiste juive, avait déjà gagné la Russie.
Sa mère demeura dans le ghetto pour s'occuper du reste de la famille et fut
exterminée par les nazis. Wlodka, séparée de sa soeur, resta cachée jusqu'à la fin
de la guerre dans des familles de paysans polonais, avant de rejoindre son père à
Londres.
Elle y vit encore aujourd'hui avec son mari dont elle a trois enfants.
Paul Felenbok et Wlodka Blit-Robertson sont les témoins vivants d'une histoire qu'ils souhaitent aujourd'hui transmettre, parce qu'ils ne l'avaient jamais fait.
Leur témoignage, qui est le récit singulier de deux enfants dans la guerre, puis la construction de leur vie dans l'Europe de l'après-guerre, nous l'avons recueilli de la manière la plus simple qui soit, en parlant avec eux, dont les souvenirs sont restés, par la force des choses, extraordinairement précis et exacts.
Leurs témoignages croisés, nous avons décidé de les faire entendre, de les porter à
la scène, dans un dispositif dépouillé de tout effet spectaculaire, de toute mise en
scène, de tout protocole pathétique.
Deux comédiens, un homme et une femme, l'un qui interroge, et l'autre qui répond,
tour à tour.
Ce sera du théâtre, car la parole des témoins sera portée par des acteurs, mais un
théâtre-document, sans réécriture ni artifice, un théâtre au plus près du témoignage.
David Lescot
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