Harold Pinter, Olivier Ducaillou
Créé en 2016
Avec : Maurice Aufair , Jane Friedrich , Sasha Rau , Bruno Subrini , Caroline Torlois
Le projet Comment vivre en pensant n'avoir plus rien à attendre du passé, alors que le passé n'en a pas fini avec nous ?
Les trois pièces de Pinter – « C'était hier », « Paysage », « Silence » – nous mènent dans un univers humain très incertain. Apparemment, le spectacle débute par des rencontres quotidiennes entre des couples, des amis ou des amants dans des circonstances presque insignifiantes, sans relief. On parle, on se divertit, on se tait. Mais l'atmosphère est chargée, pleine d'une méfiance presque joyeuse. C'est ici que commence le véritable jeu, celui du théâtre de la vie. Les rôles y sont intervertis, les identités transformées et confondues, les personnages quittent la pièce et y reviennent métamorphosés. Pendant que d'anciens liens se brisent, de nouvelles relations commencent à se tisser.
Il y a une douloureuse, mais en même temps une amusante lacune entre le passé et le futur chez les cinq personnages, que nous observons mettre à nu leur vérité. Deeley, Kate, Anna, Duff et Beth sont soit trop jeunes soit trop vieux pour vivre dans le présent, dont ils prétendent pourtant parler. Ils sont étrangers à leur propre vie, ils mentent sur leur identité et inventent leur biographie.
Mais quelles sont les règles du jeu ? A quel prix s'élève la tromperie ?
Kierkegaard dit que la répétition et le souvenir sont deux mouvements semblables, qui vont simplement dans des directions opposées. Ce dont on se souvient est la répétition du passé, alors que la véritable répétition se pense vers l'avenir. Selon Kierkegaard, l'amour de la répétition est le seul amour heureux. Comme celui du souvenir, il ne connaît pas l'inquiétude de l'espoir, ni les redoutables vicissitudes de la déception ou encore la nostalgie de la fin.
Philippe Bischof
Source : Théâtre Vidy-Lausanne