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Cent culottes et sans papiers

+ d'infos sur l'adaptation de Rachid Akbal ,
mise en scène Rachid Akbal

: Intentions de mise en scène

Quand l’adulte regarde l’enfant


Cent culottes et sans papiers est fait des mots de l’enfance mais il est écrit avec le point de vue d’un adulte : c’est toujours l’auteur qui décrit ce qu’il voit, qui porte un regard sur l’enfant. Par la simplicité de ses mots, il arrive à nous faire voir et entendre les enfants dont il raconte les vêtements mais la focalisation reste toujours externe.
C’est un texte-matériau pour la scène, pour jouer avec la langue et les situations. Je l’ai donc abordé par un travail sur le silence, sur la page blanche. J’ai opéré diverses coupes pour garder surtout le poétique, le sensible, afin que, petit à petit, l’émotion prenne le pas sur la narration.
Au début, je suis un observateur, je dis le texte comme si j’en étais l’auteur. Je suis dans une adresse directe au public ce qui permet de créer des interactions avec lui. Mais au fur et à mesure, je deviens acteur, presque clown. J’utilise le détour par le jeu (jouer à cache-cache, marcher un équilibre sur une poutre…) pour rendre le texte familier aux jeunes spectateurs et mettre en relief ses intentions. Pour renforcer ce caractère ludique et joyeux, je passe aussi par le mouvement, la danse, le chant, la marionnette, l’objet.


Sylvain Levey ancre sa narration dans une traversée de la grande Histoire qu’il convoque à travers tout un procédé de listes et d’énumérations. Dans ces textes en creux, tout semble à priori trop dit. Parmi les références historiques, nous avons gardé uniquement les blouses de l’année mille neuf cent quarante-et-un. Au début du spectacle, la pile de blouse est cachée dans un carton où on les a oubliées. Puis ce carton devient refuge pour l’enfant qui se cache, puis castelet pour le pull de Courpartout… C’est ainsi que je souhaite donner vie à la réalité du texte : en tant qu’artisan-créateur.


Une bande-son entre documentaire et poésie


La bande son est un personnage à part entière, un partenaire de jeu. Elle est lancée en direct par le personnage principal via une tablette et une enceinte.
Clément Roussillat réalise une composition musicale et rythmique à trois temps pour accompagner le texte, renforcer sa poétique et donner au personnage central l’élan nécessaire à son envol. Le reste de la partition est documentaire : prise de sons dans des cours d’école, interviews d’enfants, ajout de discours politiques. Enfin certaines parties du texte sont prises en charge par des voix off féminines pour rétablir un équilibre au sein de cet univers très masculin.


Des vêtements-objets


Les vêtements présents sur scène vont permettre de faire ressortir un trait en particulier, une idée qu’il faut faire jaillir pour qu’elle touche le coeur et l’esprit. Le narrateur va aussi, tout au long de la pièce, se dépouiller de ses vêtements pour en enfiler d’autres, puis d’autres et d’autres encore, de façon à ce que ces couches successives lui donnent une silhouette étrange. On comprendra seulement à la fin qu’il s’est préparé, depuis le début, à prendre son envol. Au début, le narrateur joue avec le texte mais à la fin du spectacle, c’est le texte se joue de lui : il devient lui aussi un objet-habit.
L’image finale de l’envol reste ouverte : qu’il rejoigne la stratosphère évoquée précédemment, qu’il soit expulsé par avion, qu’il symbolise l’auteur qui vient d’écrire le long texte final ou qu’il devienne tout simplement adulte, chaque spectateur pourra inventer une lecture personnelle en fonction de son âge et de son regard.

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