J’ai rencontré le travail de Philippe Flahaut, il y a quelques années.
C’était à l’occasion de « L’enfant sans nom », écriture contemporaine d’Eugène Durif qui revisitait les mythes, et notamment le mythe d’Œdipe. J’ai immédiatement adhéré à ce travail.
Ce que j’aime chez Philippe Flahaut c’est, pêle-mêle : son univers très singulier, qui renvoie autant à Fellini qu’à la culture punk-rock ; les images qu’il met en frottement ; la mise en situation des corps et de la langue ; le rapport que le corps entretient avec la langue justement ; l’onirisme et l’expressionnisme qui se côtoient ; la poésie et la violence ; le désordre du monde qu’il met en scène ; son amour des acteurs et le regard avec lequel il les enveloppe ; l’émotion des voyages qu’il nous fait faire ; la projection et la mise en abîme ; son « ailleurs »…
J’aime les univers qui nous emmènent ailleurs, justement. Peu de metteurs en scène nous emmènent vraiment « ailleurs ». Et je suis très heureux aujourd’hui de pouvoir écrire pour quelqu’un, pour un projet artistique qui nous emmène « ailleurs ».
À mon sens, Philippe Flahaut fait partie de ces hommes de théâtre qui font confiance à l’écriture, aux mots, à la langue. Il fait partie de ces hommes de théâtre qui laissent à l’auteur une véritable liberté, qui laissent à l’auteur un vrai « champ des possibles », qui laissent à l’auteur la possibilité de proposer un voyage, « son » voyage… avant d’inventer à son tour un autre voyage à partir de ce voyage d’écriture, à partir de ce voyage « en écriture »…
Avec Philippe Flahaut, j’ai le sentiment qu’un voyage en écriture est un peu comme un voyage en voiture : il peut mener vers des destinations différentes, emprunter des chemins divers et insolites, loin des sentiers battus. Il y a tellement de chemins et de lignes possibles entre un point « A » et un point « B ».
Mise en abîme du voyage, donc.
D’une destination, Philippe Flahaut en invente une autre. D’un itinéraire, celui des mots et de l’écriture, Philippe Flahaut en dessine une infinité, en ouvrant le sens, les sens.
C’est mon sentiment, et c’est ce qui m’excite avant d’attaquer cette aventure ensemble. Cette sensation de partir « en écriture ».
Mais là, une écriture pas seulement solitaire.
Partir « en écriture », ensemble, à deux, à plusieurs.

Filip Forgeau