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Ce matin, la neige

mise en scène Sylvie Ollivier

: Note de l'auteur

Septembre 2009

Dès que l’Allemagne eut envahi la Pologne le 1er septembre 1939, les murs de Strasbourg se couvrirent d’affiches donnant le signal de « l’évacuation » et indiquant les points de « recueil » où les Strasbourgeois et les habitants des communes environnantes devaient se rendre avec leurs papiers, peu de vivres et peu de bagages. C’est là que des trains les attendaient pour les emmener vers le sud-ouest de la France, principalement la Dordogne. La Dordogne, département peu peuplé, vit alors arriver des dizaines de milliers d’Alsaciens qu’il fallut loger dans les villes et dans les campagnes.


Langues, cultures, styles de vie, tout opposait les Alsaciens et les Périgourdins. Les Alsaciens se retrouvaient en terre laïque, en pays de langue d’Oc, les Périgourdins s’étonnaient de cette langue qui ressemblait à l’Allemand et de cette étrange manie alsacienne de la propreté.


Après l’armistice de Juin 40, les Alsaciens furent invités à rejoindre l’Alsace, beaucoup d’entre eux quittèrent le Périgord pour retrouver une Alsace allemande. Un certain nombre, ne supportant pas le bruit des bottes, revinrent en Périgord et participèrent activement à la Résistance. quelques uns y firent leur vie.


Périgourdine d’origine, j’ai rencontré des Alsaciens restés en Périgord par amour ou par hasard de la vie, j’ai rencontré aussi des enfants de ces Alsaciens « évacués ». J’ai lu de nombreux témoignages. J’avais envie de mettre des voix sur cette histoire.


Peu à peu, je voyais se dessiner la figure d’une jeune femme qui avait quitté Strasbourg adolescente avec ses parents et avait passé les années de guerre dans une ferme de Dordogne, y quittant l’insouciance de l’adolescence pour l’éveil à la conscience politique, sous le regard du fils des fermiers qui va lui aussi avoir à choisir son camp.


Deux voix donc racontent la même histoire : la voix d’Anna qui vivra les années de guerre dans cette ferme au milieu des bois, aimera un maquisard - un républicain espagnol - le perdra, décidera de faire sa vie là où elle est devenue femme, la voix de Thomas, le « taiseux », qui voit arriver cette étrange belle fille rousse, assiste à son éveil, ne voit qu’elle qui le regarde à peine, s’engage lui-même, rejoint les maquisards. Tous deux ont vécu les mêmes évènements douloureux qui les feront grandir.


C’est pour moi, à travers l’histoire d’Anna et de Thomas l’occasion de mêler l’intime et l’Histoire, de parler de l’exil et de l’engagement. J’ai accompagné Anna et Thomas sur le chemin qui les mène vers l’âge des déterminations.

Françoise du Chaxel

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