« Enfin libérée de la terre, je coulais lentement sous l’eau avec mon cheval, C’était doux et agréable, comme la lente chute d’Alice dans son puits, j’étais au-dessus du navire et je le voyais descendre, quelques mètres plus bas. Les autres allaient chacun leur poids.

Dans un grand mouvement sans bruit, et sans une secousse, mon navire s’est posé sur le fond. Lentement nous descendions jusqu’à lui, atterrissant à bord comme des oiseaux ralentis.

Mon bateau naviguait à présent, immobile, au fond de l’eau. Ses voiles battaient les flots selon le courant sous-marin, et le jour perçait en diagonale les mètres d’eau qui faisaient notre ciel. Il était paisible et grand, majestueux.

Ce soir-là j’ai fait allumer le pont, j’ai sorti la guirlande, et j’ai ouvert le bar. J’ai rassemblé l’équipage et nous avons compté les chevaux. »

Christophe Châtelain