theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Caresses »

Caresses

mise en scène Christian Taponard

: Présentation

En dix scènes et un épilogue, Caresses reproduit la construction de La Ronde d’Arthur Schnitzler. Le dramaturge catalan replace dans différents lieux de la dévorante et multiforme Barcelone ces duos d’affrontement et de désir entre onze personnages noués par des liens amoureux, conjugaux ou fi liaux. On décèle entre chacun d’eux une crise relationnelle renvoyée au silence et au secret. Trop longtemps contenues, les souffrances éclatent en ordre dispersé, violences verbales ou physiques.


Face aux personnages écorchés proposés par Sergi Belbel, le Groupe DECEMRE explore les possibilités de l’interprétation, entre une matérialité brute et radicale et une intériorité sensible. Les comédiens trouvent une couleur expressionniste dans la tension des corps et des situations, comme dans l’imminence permanente d’une explosion. Les situations sont poussées à leur paroxysme, jusqu’à devenir burlesques par excès. Les personnages de Caresses se débattent, cherchent une issue, espèrent une caresse qu’ils obtiendraient peut-être s’ils baissaient la garde et déposaient les armes…


Épinglés au centre d’un espace de confrontation et d’affrontement, les protagonistes n’ont plus d’intimité véritable ; ils sont exposés au regard des autres, habitants du même quartier. Ces voisins omniprésents, voyeurs concernés, passeurs attentifs et obstinés, dessinent la géographie de cette ville non représentée mais obsédante, dont la pulsation interne fait battre les coeurs humains à son diapason. De même que dans l’oeuvre du dramaturge et cinéaste Rainer Werner Fassbinder, auquel était consacré le précédent spectacle du Groupe DECEMBRE, La peur dévore l‘âme, ce qui est en jeu, c’est l’impossibilité du rapport à l’autre quand tout échange devient une lutte dont l’issue laisse les combattants solitaires et épuisés, sauf à espérer qu’enfi n une porte s’ouvre vers un peu de lumière…


Le théâtre de Sergi Belbel exige des acteurs une incarnation sans afféterie, brute et radicale, pénétrant le vif des dialogues, laissant deviner derrière la crudité et la virulence du langage le secret des êtres, car c’est leurs excès qui révèlent leur fragilité.
Il y a une forme d’expressionnisme dans la tension des corps, entre implosion permanente et explosion imminente, une distorsion comme chez les fi gures de Francis Bacon. L’écriture permet aux personnages de ne pas être enfermés dans des situations closes et univoques et révèle la complexité et la profondeur des enjeux.
Comme dans les dramaturgies contemporaines germaniques et britanniques, le théâtre de Sergi Belbel confronte le microcosme du couple, de la famille (de base ou recomposée), de l’individu isolé, au macrocosme d’une société et d’un système politico-économique, sans sentimentalisme ni didactisme, plongeant sans concession dans l’enfer de nos petites vies empêchées…


Christian Taponard, metteur en scène

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.