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Cairn

+ d'infos sur le texte de Enzo Cormann
mise en scène Claudia Stavisky

: La pièce

«L’ego est le plus grand des vagabonds»
Jack Kerouac
Le Vagabond solitaire


Cairn est employé aux usines de poêles et cuisinières Dieudans et, syndicaliste, reconnu comme le porte-drapeau d’un groupe d’ouvriers qui s’insurgent contre la vente programmée de leur usine.
Une première scène nous situe brièvement le contexte de l’enfance de Cairn : son père meurt sur le front de la guerre d’Algérie en 1962. Dès lors, vont se succéder diverses séquences, comme autant de tranches fictionnelles de «vie» qui tracent et déterminent le trajet, le voyage du protagoniste vagabond. Sur sa route, il croisera et affrontera les délires visionnaires d’un chiffonnier, un colosse et son toutou bavard, la vindicte d’un entrepreneur particulièrement frondeur et des «golden boys» bien évidemment cyniques, tout en essayant de résister mollement aux rondes de séduction de Jade, la fille de son patron, laquelle, bien décidée à régler des comptes personnels, défiera l’autorité de son géniteur en rejoignant le camp des grévistes. Cairn fait alors figure d’«ange rebelle» et sa personnalité multiple, contradictoire, forcément charismatique, épouse des formes diverses puisque son patronyme semble le prédestiner à une existence jalonnée d’errances: «Cairn» en effet désigne un amas, un tumulus de pierres assemblées puis déposées sur leur passage par les bergers afin de baliser les étapes de transhumance pour leurs bêtes (avec la précaution requise de veiller à leur maintien et au fait que chacun de ces cairns puisse être rendu visible depuis un autre cairn).


Le naturalisme apparent des premières scènes de la pièce cède vite la place à un humour, à une poésie, des éclats de rêveries qui teintent et décalent, par contraste, un sujet dès l’abord sérieux ou grave.
Cairn s’apparente alors à un véritable «conte philosophique»: n’y voit-on pas également un chien égrener son chapelet de citations de Nietzsche et Spinoza, une jeune fille au nom de Déesse, médiocre et improbable funambule, exerçant de pâles prouesses sur l’Olympe d’un terrain vague ou encore l’ombre dédoublée de Jonas Cairn empruntant un instant le spectre halluciné du poète Jack Kerouac pour dialoguer avec lui?


Jonas Cairn, comme l’émissaire célèbre de la «beat generation» improvise sa destinée, poète grisé par les éthers de l’alcool, écartelé entre la tentation de la folie vagabonde et la sagesse de vouloir demeurer un homme, les pieds foulant avidement la Terre de feu, homme non pas seulement pressé par le tourbillon de l’action mais vigile attentif à défendre et entendre le bruit du «bon sens» du monde et des gens d’ici-bas.


Poète et phraseur, homme-torche enfin, dont le passage semble tout brûler autour de lui, de peur d’être dévoré par l’incandescence d’un monde manichéen, sachant instinctivement cependant qu’il faut composer et fraterniser avec lui: «Il n’est rien de plus noble que de s’accommoder de quelques désagréments comme les serpents et la poussière pour jouir d’une liberté absolue.» (Jack Kerouac, Le Vagabond solitaire).
Claudia Stavisky rêve de composer pour Cairn une odyssée ludique, plaisante et inventive, un conte moderne éloigné de tout prêche austère ou sentencieux.


Avec la ferveur et la complicité partagées par Enzo Cormann… son «frère d’utopie»?


Denys Laboutière (septembre 2002)

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