A l’heure où le nombre de francophones de par le monde ne cesse d’augmenter, où l’immense majorité d’entre eux n’ont avec l’Hexagone aucune forme de relation, l’exemple d’une langue française sachant intégrer sans renier nous semble plus que jamais pertinent. C’est à nous, comédiens, de nous emparer de cet « instrument » poétique que nous livre Césaire pour faire entendre et pratiquer cette langue nouvelle.

En incarnant ce texte fondateur de la Négritude, Olivier Borle, acteur blanc, français, métropolitain, propose de faire sienne l’histoire de l’esclavage et de la colonisation, de partager entre Afrique, Europe et Caraïbes les questions qu’elle soulève, comme Césaire lui-même nous y encourage.

Libéré de tout enfermement communautaire, il restitue au poème son caractère universel, la quête d’un homme qui, par la parole, façonne sa propre identité. Dans un monde où le flux des « déplacés » - arrachés à leurs pays de gré ou de force - gronde contre les murs que l’on érige, ce cri résonne en chacun de nous quelle que soit notre origine et nous apaise.