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Chat perché

Caroline Gautier ( Conception ) , Dominique Boivin ( Chorégraphie ) , Jean-Marc Singier ( Musique )


: L'étrange beauté des Contes du Chat Perché

d’après Les Contes du Chat perché de Marcel Aymé

Le Fantastique et le Jura


Qu'est-ce qui fait du Jura une montagne magique ? Tous les monts sont anciens, et nos yeux aveuglés par le petit laps de temps dont nous disposons pour vivre ne peuvent les voir marcher, s'élever, se former.
On sait que le Jura est une formation très ancienne : on y trouve encore des fossiles de coquilles. On sait qu'il s'est plissé doucement après l'érection des Alpes, dans un mouvement de vague.
On sait encore que sous le sol dort tout un réseau de lacs, de grottes, de rivières qui happent parfois leur proie en formant des entonnoirs où disparaissent une vache, une chèvre, un mouton…
La brume y est dense, et la présence de tourbe et de bruyère rappelle l'Irlande, autre royaume des légendes fantastiques. On y rencontre d'ailleurs d'anciennes divinités celtiques comme la Vouivre, qui promène son diadème de rubis, suivie de ses vipères, ou la Bête Faramine à triple tête, qui au crépuscule effrayent les marcheurs qui s'attardent.


Et c'est tout l'art de Marcel Aymé d'avoir situé sur cette terre inquiétante un récit aussi limpide que celui des Contes du Chat Perché.
Les animaux y parlent, avec naturel, avec évidence : ils tiennent même des conseils.
Les parents y travaillent, courbés sur cette terre ingrate qu'ils aiment plus que tout. Attelés comme des boeufs, indissociables, ils tiennent un langage d'ogre.
Les petites héroïnes en tablier, Delphine et Marinette, croissent sur ce coin de terre comme de graciles pavots sur un tas de fumier.


Ecole communale, école buissonnière


On chercherait en vain dans ce monde rural l'ombre d'une croix, la présence d'une église : Marcel Aymé fait l'économie de l'ère chrétienne et passe des dieux anciens à une foi tendrement ironisée dans le progrès et l'instruction. Pas de pasteurs, mais des vétérinaires, pas de soeur ou de curé, mais une maîtresse et un inspecteur : il y a dans ces contes toute une mythologie de l'école laïque avec son cortège de prix, de discours et de chorales enfantines, à laquelle s'oppose l'irresistible attrait de l'école buissonnière.


Cela donne un monde aussi puissant qu'aérien, drôle, contradictoire, pour tout dire magique, que j'ai eu envie d'évoquer dans ce petit opéra rural, qui fera appel à diverses disciplines artistiques.

Caroline Gautier

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